Une nuit entière ne suffirait pas pour vous narrer les aventures de ce collectif parisien guidé par une idée un peu folle : faire de nos nuits des rêves éveillés, fantaisistes, épiques, décalés et à notre plus grand regret, éphémères. Rencontre avec sa fondatrice Marie Sabot.
We Love… Family
Hop, on rembobine. Back in 2004, comment est né We Love Art ?
À l’origine, nous organisions des petites fêtes privées sous le nom « We Love Acid » avec mon amie journaliste Eva Marie Pinon. À l’heure où les clubs étaient rois, nous étions plus dans un esprit revival de la rave. Petit à petit, nous avons mis en œuvre notre expérience et notre réseau pour mettre en scène des fêtes hors du commun, sortant d’un cadre balisé.
Quel est l’ADN du collectif « We Love Art » ?
La mise en scène de la musique électronique. Celle-ci a muté au fil des années, embrassant divers courants, rock ou pop, notre action aussi. Aujourd’hui, nous ne mettons plus seulement en scène un Dj, nous créons des univers pour les artistes et leurs musiques.
Qui sont les personnes qui gravitent autour du collectif ?
Déjà, une des particularités du collectif est de travailler conjointement avec les équipes des artistes que nous invitons. Cela nous permet d’échanger et surtout d’enrichir nos compétences techniques comme nous l’avons fait aux côtés de l’équipe son et lumières de Richie Hawtin. Ensuite, nous collaborons plutôt avec des artistes que des graphistes. Parmi les DA à qui nous avons fait appel, on retrouve Pierre Vanni, le collectif H5, Julien Vallée, Ill Studio ou encore le collectif Bowling. Quand nous trouvons le bon artwork, l’identité graphique qui colle à notre événement, nous avons l’impression d’avoir mis le bon costume pour la soirée.
We Love… Party
Quels sont les organisateurs de soirées ou de festivals qui vous inspirent ou que vous admirez ?
Il y en a pleins…. Du côté des festivals, il y a le MELT, un festival allemand qui brille par ses scénographies et la fabuleuse mise en scène de ce décor unique issu de leur patrimoine industriel. Les anglais d’ATP aussi. Assez proches de l’univers musical de Pitchfork, ils organisent des concerts pointus dans des lieux inédits.
Un fantasme nocturne à assouvir…
À vrai dire, nous avons réalisé en 2011 pas mal de nos fantasmes… Là nous touchons du doigt un projet un peu fou : celui d’organiser une fête en partenariat avec le Musée de l’air et de l’espace à l’aéroport du Bourget, sur une piste d’atterrissage. Une première scène serait installée au pied de la fusée Ariane et une seconde, dans la salle où les Concordes sont exposés. Les arts numériques viendront jouer avec ce décor composé d’une foule d’engins volants. Nous négocions en ce moment les autorisations pour mettre en scène ce lieu fabuleux.
Quelle « We Love… » Voudriez-vous réorganiser et revivre ?
Nous sommes très fiers du We Love Green qui nous a permis de travailler avec des gens d’horizons très différents, des écoles, des industriels, des artistes de « land art », des producteurs de rock… L’ambiance était comme on l’avait imaginée et nous avons reçu de très bons retours du public comme des artistes. Nous venons d’ailleurs d’être récompensés d’un award du Greener Festival, catégorie Outstanding. Le festival va donc devenir un side project important pour nous.
We Love… Future
Paris est-il votre unique terrain de jeu ou comptez-vous rapidement envahir de nouvelles contrées ?
Arriver à détourner des salles de leur fonction comme ce que l’on fait est un énorme travail de persuasion. Arriver à le faire à l’étranger, où le public ne nous connaît pas forcément, est un travail énorme. Nous exporter n’était donc pas vraiment dans nos projets, mais suite à l’expérience de la Boom Box, nous y pensons. Techniquement, cette structure est complètement pertinente et s’adapte partout. Nomade, elle colle avec notre vision « éphémère » de la nuit.
L’événementiel de l’an 2020, vous l’imaginez comment ?
On va tendre vers une mise en scène de plus en plus pluridisciplinaire, vers un mélange des arts. Grâce à la technologie, il est de plus en plus facile de faire des choses spectaculaires. Une fois que l’on s’est affranchi de ses barrières techniques, il reste plus de place à l’imagination et à la créativité.
We Love…. More
You love… tout pleins de choses, mais what do you HATE ?
Répéter les choses ! Ce qui fait que notre modèle économique est complètement idiot car nous ne nous servons pas de nos expériences. Or, c’est ce qui nous donne l’énergie de continuer… partir de rien et construire tout.
Interview : Pauline Lévignat
Photographie : Vincent Sannier
Published : Automne-Hiver 2011 – DEDICATE 27