Un infini glorieux, chaleureux, où la peur, le genre, n’existent pas, mais uniquement le potentiel.
Le blanc semble subjuguer et la mesure dans laquelle il est visible dépend seulement de la quantité de lumière qu’il reflète. Il est sans teinte et saturation de couleur. En fait, il n’est pas, techniquement parlant, une “couleur”. Son attrait résulte-t-il des multiples connotations qu’il possède ? Peut-être maintient-il, parce que sa définition est insaisissable, une qualité constante amorphe que chacun peut s’approprier à sa façon.
Ainsi, Robert Ryman et Julia Jacquette se sont embarqués sur leur quête personnelle du “blanc”. Malgré des limites différentes, chacun les respecte avec attention. La peinture du blanc a fourni un dialogue infini que Robert Ryman place le plus souvent dans les limites d’un carré, et que Julia Jacquette divise pour la plupart en grilles carrées. Julia Jacquette parle de la couleur blanche comme “fascinante”, et comme quelque chose qui “dégage sa propre énergie. Une énergie autogénérante, la surface d’une œuvre toute blanche, où l’espace qu’elle dépeint implique l’infini, ce champ de blanc. Un infini glorieux, chaleureux où la peur, le genre, n’existent pas, mais uniquement le potentiel.”
Julia Jacquette, bien plus jeune que Robert Ryman, est née à New York où elle habite et travaille. Elle est représentée par Michael Steinberg Fine Art. Ses peintures les plus récentes explorent le blanc dans certains de ses termes les plus symboliques. Ce sont des représentations compliquées et fragmentées de divers gâteaux et robes de mariage, fleurs blanches, etc. Il y a aussi une série de “Geometric Paintings” qui est le complément de la série des œuvres blanches construite à partir de grilles abstraites, utilisant des palettes et nuanciers monochromatiques.
Sur le point de départ de l’œuvre blanche, l’artiste nous explique : “Je rassemble mes images-sources en feuilletant des magazines dont j’extrais des détails photographiques. Je commence ensuite à les reproduire en les peignant dans la grille que j’ai au préalable esquissée sur ma toile.”
Et lorsqu’on lui demande ce que symbolise le blanc dans son œuvre, elle répond que le blanc n’est pas purement symbolique mais un conglomérat évocateur de ses expériences enfantines. “J’ai grandi dans la maison d’un architecte, d’une esthétique moderniste chaleureuse et accueillante. Un endroit idéal pour créer et pour jouer. La compréhension des aspects symboliques du blanc est venue plus tard et démontre tout le contenu que le blanc peut communiquer.”
Texte : Gail Mitchell
Traduction : Christophe Ménager
EXTRAIT DEDICATE 10 – Automne 2006