Adèle est belle, jeune, intelligente et spontanée. À 19 ans elle a été instantanément palmée d’or par Spielberg et césarisée de bronzepar l’académie du cinéma. À 29 ans elle a déjà tourné dans près de 30 longs métrages, du film d’auteur à la comédie absurde. Elle est une actrice hors norme et une maman lucide sur notre époque. Utra moderne et pleine de vie(s), Adèle rêve d’amour toujours, detoblerone et de savanes… Égérie Fendi et Bulgari, elle se prête au jeu de la mode, entre deux avions et un cartoon avec son fiston…
On ne va pas se mentir j’espère…
(Adèle sourit) Oui je sais c’est devenu mon tic de langage.
Car je ne vais pas te mentir…
Moi non plus !
Connais-tu le sens étymologique de ton patronyme ? Si on ne m’a pas menti cela veut dire la fille du commandant ?
(Ndlr : Exarchopoulos est évidemment un mot typiquement grec. Ces cinq longues syllabes représentent en fait deux mots, exarcho et poulos. La première partie vient du verbe ‘exarchein’, c’est- à-dire être au début de quelque chose, être à l’origine d’une initiative, ou même lancer une opération (un débat, une manifestation, et même…un sacrifice). Ce verbe est lui-même un dérivé construit sur la version simple ‘archein’ (commencer, débuter). Du coup, ‘ex-archos’ va rapidement désigner un métier, celui qui est à l’avant ou en première ligne; donc, sur un terrain – au sens propre – qui intéresse principalement la société grecque (antique), celui qui commande (sous-entendu à l’armée), bref, le chef. Un exarchopoulos, c’est le surnom d’un commandant.)
Pas tout à fait…
Ton nom d’origine grecque veut donc dire commandant, aimes-tu commander ?
Mon foyer peut être, de ce que j’essaie d’apporter à mon enfant. Je suis entreprenante en amitié, cependant commander non, je suis d‘ailleurs assez soumise dans le travail à partir du moment où j’accepte de me lier à quelqu’un ou à un projet. Je suis assez soumise au projet en tout cas.
Comment vas-tu ?
Écoute franchement je vais bien, je tourne actuellement un projet (ndlr : Adèle tourne en Corse le prochain film de Mélanie Laurent pour Netflix) qui me tient à cœur malgré le fait que je trouve l’ambiance en France pas forcément top, petite angoisse même… sinon tout va bien.
Si tu pars en terre inconnue, comment te présenterais-tu à la tribu qui t’accueille ?
Je m’appelle Adèle, j’ai 28 ans, je suis une maman qui raconte des histoires aux grands en faisant des films, c’est ce que je dis à mon fils en tout cas.
Ton prénom veut dire Justice en arabe… Ton papa t’a appelé Adèle parce qu’il a bu un Adelscott lorsque tu venais de naître. Quelle est la pire injustice pour toi ?
Il y en a tellement, y’en a trop c’est impossible de faire un classement. Je pense qu’il peut y en avoir des banales qui peuvent te détruire à l’intérieur et agir sur le long terme, je pense qu’il y en a aussi des flagrantes ; ta neutralité fait que tu es quelque part complice, ce qui est aussi violent, c’est que l’humain est imparfait, aujourd’hui ce qui est triste c’est que l’on sort plus nos smartphones (pour filmer ?) que d’agir parfois.
Quelle bière aimes-tu ?
Ah non je ne bois plus du tout d’alcool.
Tu passes ton enfance à Clichy puis à Paris 18e rue Lepic, raconte-nous une anecdote quand tu étais petite fille.
Je ressemblais à un garçon, j’ai eu des poux pendant très longtemps pendant dix ans, mon père en a eu marre de me faire des charlottes, alors on m’a rasé la tête. Je ressemblais vraiment à un garçon du coup et je plaisais aux filles. C’était assez étrange, je me rappelle… LISEZ LA SUITE EN ACHETANT LE NUMÉRO 38 DU MAGAZINE
Interview CYRILLE XAVIER NAPOLITANO
Photographies EVA WANG
Stylisme SIMON PYLYSER