Ces dernières années, la Maison Perrier-Jouët réitère ses collaborations avec les artistes, comme elle a su le faire avec les artistes de l’art nouveau. Seuls impératifs, être en accord avec les fondamentaux de la maison, la nature, la couleur, la matière.
C’est avec l’artiste Bethan Laura Wood que la Maison a développé une collaboration fructueuse autour d’un arbre monumental, alliant couleur et matières, qui se décline parfois autour d’un arbre seul et parfois dans un espace entièrement pensé et designé par l’artiste. C’est aussi Bethan qui a dessiné le coffret pour Perrier-Jouet Blanc de Blanc.
Le 1er point de votre biographie sur Wikipedia parle de votre dyslexie, selon vous, pourquoi? Est-ce que cette différence, ce handicap (selon l’oms) influe sur votre création? Le design est-il devenu un second langage? Est-ce une force? Votre art vous aide t-il a communiquer?
Quand j’étais une jeune étudiante à l’école, être dyslexique était vu comme quelque chose de vraiment négatif et un problème… Ma dyslexie, pour accomplir certaines choses, les rend plus difficiles, mais pour d’autres, c’est quelque chose que j’utilise dans mon travail créatif, ça m’a donné une connexion avec la couleur sans doute encore plus forte que je ne l’aurais eu sans être dyslexique.
A l’école, je rendais les textes lisibles en les divisant en blocs de différentes couleurs, ce qui me permettait de mieux lire.
Je pense que c’est important de faire savoir à de jeunes étudiants qu’il y des choses positives que l’on peut avoir en étant dyslexique, et qu’il existe des alternatives à la lecture et à la compréhension des choses.
C’est très commun dans le monde des arts de rencontrer des personnes dyslexiques, alors oui c’est sans doute pour ça que c’est une information qui sort sur Wikipedia.
Qu’aimez vous dans le design, que voulez vous transmettre ?
Ce qui m’a donné envie d’évoluer dans le design plutôt que l’art, vient du fait que c’est concret et en connexion avec la vie quotidienne, ce sont les choses qui nous entourent le plus et avec lesquelles nous interagissons et j’aime ces relations avec le monde du design. Maintenant j’évolue dans un univers plus large qui va de l’objet comme un service à thé à des scénographies complètes. J’aime le challenge et les opportunités qui s’offrent quand on change d’échelle et aussi les différentes sortes d’interactions que l’on a entre ces différents plans.
Quel est l’objet qui vous inspire constamment ?
Ohhh, Je suis une collectionneuse/ il y a beaucoup d’objets que je chine et que j’achète sous l’excuse de recherches. Je suis attirée par les matériaux (leur matérialité) et les couleurs. Ensuite je vais plutôt choisir des objets en relation avec mon projet, quand je travaille la céramique je vais me concentrer sur des objets en céramiques mais tous les objets sont les bienvenus.
Quelles sont les matières que vous préférez travailler ? celles qui vous donnent le plus de liberté ?
Je privilégie les matériaux qui vivent dans deux univers ou qui ont une profondeur historique ou une base industrielle, comme les matières laminées, le verre, le PVC, ces matériaux qui viennent de production industrielle et comment on les a utilisés au cours du temps.
Pour ce projet, ce que j’aime c’est que j’ai débord travaillé sur une scénographie, autour d’une sculpture que j’ai réalisée avec des matières industrielles et pour ce coffret, (celui de Perrier-Jouet Blanc de Blanc, coffret en série limitée), je devais intégrer l’écologie et travailler avec un papier durable.
Est-ce que vous savez dès le départ ce que vous allez créer ou vous laissez vous surprendre au cours de la création ?
C’est un peu un mix, si vous partez en restant très ouverte, vous pouvez vous perdre ou vous dissiper, vous distraire, alors j’aime avoir des paramètres et ensuite explorer et créer les règles dans cet univers. Par exemple avec Perrier-Jouët, notre premier projet en 2018, Hypernature, est une pièce monumentale représentant un arbre et à partir de cette pièce, tout s’est multiplié et nous avons créé un univers, elle a évolué et nous avons créé une scénographie complète, qui s’adaptait aux voyages et aux différents lieux où elle était exposée, comme à Miami Art Basel.
Comment s’est passée votre rencontre avec la Maison Perriet-Jouët ?
En premier c’est la rencontre avec Axelle de Buffévent, la creative director de la maison, qui offre une liberté importante aux artistes. J’ai tout d’abord vu l’arbre de Tord Boontje, et les autres projets qu’ils avaient fait avec des designers et des artistes que je respecte, j’ai vu un projet autour de la couleur, alors je me suis dit « s’ils souhaitent jouer avec la couleur c’est peut-être le moment d’aller dire « hello » ». J’ai rencontré Axelle, ils m’ont invité et m’ont demander d’imaginer une pièce qui célébrerait les fondements de la maison et en relation avec la couleur.
Un monde sans couleur est-il possible ?
Ce serait un monde très gris, et pour moi, la couleur a été ma manière de comprendre le monde autour de moi. La première fois que j’ai écouté le chef de cave de Perrier-Jouet, il décrivait les arômes, tout cet univers gustatif, sa spécialité : le gout et l’odeur et j’étais fasciné par sa manière d’assimiler le monde au travers de ces 2 sens. Pour moi, c’est au travers de mes yeux que je retranscris le monde, en couleurs, alors un monde sans couleurs n’existerait pas pour moi.
Je ne vous propose pas une photo en noir et blanc ?
Vous pouvez mais je vais peut-être la prendre et la coloriser, je suis certaine que l’on pourrait ajouter quelques couleurs à votre photo noir et blanc.