Double champion du monde de air-guitar, entertainer, DA du 114, Gunther court le marathon du kiff avec l’assurance de terminer toujours premier. En parfait athlète de la nuit, il nous ouvre les portes du 114 et nous fait partager ses petits plaisirs nocturnes, des bonheurs à la fois simples et rock’n’roll, à son image.
Qui étais-tu avant de te métamorphoser en Gunther Love ?
Sylvain, un comédien parisien tout ce qu’il y a de plus normal. La même personne je crois ! Sauf que je n’étais pas obligé de porter la moustache 24/24…
Tu as pris la direction artistique du 114, sur quels critères as-tu été choisi ?
J’organisais des soirées au Bus Palladium et un de mes premiers jobs a été d’être programmateur. Quand le directeur du 114 m’a proposé ce job, Puma a tout de suite voulu se joindre à nous. Vu que j’avais déjà travaillé avec eux, cela m’a paru assez logique. Le 114 est alors devenu le bar des athlètes de la nuit.
Tu as carte blanche ?
Tout à fait, je fais tout ce que je veux. C’est pour cela que les soirées du mercredi soir sont complètement vrillées d’ailleurs !
Quelles sont les soirées qui cartonnent actuellement ?
Les soirées Kara Yaourt. On fait venir un vrai groupe et on demande aux participants de chanter en « yaourt », c’est à dire en mauvais anglais imprégné d’accent français. Le jury, composé du DA du Bus Palladium, d’un journaliste de Télérama ou du manager de M, juge s’il croit à la chanson ou si la prestation a été minable. On fait aussi des battles de danse où le niveau est pitoyable. D’ailleurs, les danseuses du Lido sont venues nous défier. Idem pour notre baby-foot géant où le XV de France est venu affronter les Airnadettes !
Quelle est la place de la musique dans le 114 ?
On organise très souvent des lives et on donne carte blanche à des artistes dès qu’on peut. Principalement dans la veine rock, mais ce n’est pas tant la musique qui est « rock », que leur démarche. J’aime bien les groupes de hip hop qui ont, dans leurs paroles ou leur choix artistique, un truc rock. Le 114, c’est plus un esprit qu’un style musical propre.
L’entrée est gratuite au 114, est-ce une volonté de la maison ?
Oui, l’entrée restera toujours gratuite. On ne veut pas faire de liste. Quand il y a un super groupe qui vient le jeudi, si tu es un vrai fan, tu viens tôt ! C’est trop facile les mecs qui se pointent à 23h car ils sont sur la liste, sans avoir assisté au concert et qui plus est, ont empêché pleins de gens de rentrer. Premier arrivé, premier servi. On est un peu le Samu Social du kiff !
C’est l’expérience qui parle ?
Oui, il y a plein de clubs dans cet esprit « on-se-regarde-de-la-tête-aux-pieds ». On s’est forgé une clientèle très hétéroclite mais qui se réunit par passion de la musique et je trouve ça cool.
Comment est-ce que tu attires ces groupes pour qu’ils viennent jouer au 114 ?
La plupart des artistes viennent pour boire des coups, j’ai l’impression que les artistes se sentent bien au 114. Ce n’est pas rare qu’ils me proposent de venir jouer ensuite.. L’autre jour, on a reçu l’after-show de Lana Del Rey. Je ne le pensais pas mais elle est venue. Au début, elle s’est mise d ans un coin du bar puis peu à peu, elle a commencé à se mélanger aux gens.
Tu l’as invitée à ta boom alors ? Justement, d’où t’es venue cette idée régressive ?
Tous les derniers samedis du mois, je demande à tout le monde de venir habillé comme en primaire et de venir tôt comme si leurs parents devaient venir les chercher à minuit. Chaque mois, j’organise à cette occasion les championnats de France de chaise musicale. Si possible avec un vrai groupe qui fait des reprises et s’arrête brusquement de jouer ! Il y a des quarts d’heure américains de fous furieux aussi… avec des concours de pelles. C’est assez dingue.
Peux-tu nous dévoiler quelques infos sur les prochaines soirées du 114 ?
J’ai booké pas mal de grosses têtes d’affiche, mais je ne veux rien dire pour l’instant. On lâchera le nom du groupe le jour même, voire une heure à l’avance car ça risque d’attirer beaucoup de monde ! Il faut suivre nos actus sur Facebook.
Tu t’imaginais un jour prendre les rênes d’un bar ?
Oui, j’ai toujours fait en sorte que les gens se marrent. J’ai toujours eu la vanne facile pour que les gens pètent un peu dans le smoking et s’amusent. Plus je vieillis, plus je m’évertue à faire en sorte que les gens se rencontrent, rigolent ensemble et s’amusent sincèrement.
Que réponds-tu à ceux qui te collent une étiquette de mec branché justement ?
Si porter une chemise boutonnée jusqu’en haut et une moustache veut dire être branché ou être un hipster alors oui, si tu veux ! Mais contrairement aux mecs que tu vois parfois en backstage des concerts, des gars que tu croises partout sans savoir ce qu’ils font, je bouge à des expos, je vais voir des concerts, j’en parle autour de moi… Dans ce sens-là, je me considère comme ouvert et aussi acteur dans ce milieu culturel.
Dernier compliment de soirée ?
Un mec très connu des nuits parisiennes dont je tairai le nom, m’a envoyé un texto le lendemain de la soirée d’inauguration du 114 en me disant : « Enfin un lieu qui amène un peu de Londres à Paris ! ».
Dernier insulte reçue en soirée ?
« Sarkozyste ». Alors que je bosse dans un bar et que j’organise des fêtes pour que les gens s’amusent, j’ai trouvé ça dur ! (rires)
Des clubs qui t’ont marqué, en France ou ailleurs ?
L’endroit qui m’a marqué dernièrement le plus est le plus petit bar de Londres, équipé d’un juke-box à vinyles : le Spanish Bar. En général, j’aime les petits endroits rock sans prétention.
Ta playlist du moment ?
Sarah W. Papsun, un groupe parisien de post-rock, le dernier album de Stuck in the Sound, le premier album de Metronomy, Whitest Boy Alive, c’est pas nouveau mais j’adore…
Quelles soirées folles réserves-tu pour cette année ?
Je voudrais louer un karting et faire une soirée Mario Bros avec tous les costumes du jeu vidéo, des décors de dingues, des vrais peaux de banane sur le circuit. Et bien sûr, mon mariage… la soirée de noces est d’ailleurs déjà dans la boîte : ce sera un mariage très rock’n’roll !
Le 114 by Puma Social
114 rue Oberkampf
75011 Paris
Interview : Pauline Lévignat
Published : Printemps/été 2012 – DEDICATE 28