Ce mardi 30 septembre s’est tenue à l’Olympia, mythique temple de la musique en France, la quatrième cérémonie de remise du Prix Joséphine, dont l’ambition affichée est de promouvoir la diversité culturelle et l’innovation musicale en France, en marge de la plus grosse machine que constituent les Victoires de la Musique.
Créé en 2022 et transcendant le modèle de son prédécesseur évident du Prix Constantin qui, en dix éditions de 2002 à 2011, constitua une réponse française au prestigieux Mercury Prize britannique, le palmarès du Prix Joséphine part d’une sélection par son comité officiel de quarante albums publiés dans l’année écoulée, d’où un jury d’artistes tire dix disques retenus pour concourir à la récompense finale.
Le jury du millésime 2025, présidé par la légende de l’électro made in France, Laurent Garnier himself, comptait ainsi dans ses rangs les chanteuses Jaklin Baghdasaryan, Margot Cavalier et Mélissa Laveaux, la rappeuse Lous and the Yakuza, les compositeurs LewisOfMan et Nk.F, le rappeur Oli, la DJ Anetha et le chanteur Voyou.
Au cours d’une soirée haute en couleurs et en émotions, les dix artistes retenu·e·s pour le sprint final se sont succédé·es sur scène, chacun·e interprétant dans les conditions du live deux ou trois extraits de son dernier album en date. Le public a ainsi pu apprécier et/ou découvrir les mélopées jazz habitées de Gabi Hartmann, le groove ouaté de Blasé, la pop-folk éclatante et pénétrante de Laura Cahen, la techno mordante de Marie Davidson, l’ambient pop cotonneuse de Oklou (à prononcer « Okélou »), le rap introspectif de Wallace Cleaver, la scansion rock incandescente d’Arthur Fu Bandini, le hip hop explosif et explosé de l’intense Ino Casablanca (une vraie révélation pour l’équipe de Dedicate, ndlr), le r’n’b tribal et poignant de la déjà star Theodora et enfin les confessions relevées de la bondissante Miki.
À l’issue d’une célébration dense et énergique qui a tenu toutes ses promesses, témoignant de toute la diversité stylistique de la création musicale contemporaine, le prix du jury des 18/20 ans fut remis, assez logiquement, à une Theodora dont la musique fut reconnue comme étant capable d’autant de « viralité » rassembleuse que d’intimité bouleversante. À ce dernier titre, sa performance du fameux Ils Me Rient Tous Au Nez restera dans les annales du Prix comme une prestation iconique et renversante d’affirmation de soi.
C’est une Oklou visiblement surprise et bouleversée qui recevait ensuite des mains de Laurent Garnier le Prix Joséphine lui-même, qui couronne donc de fort belle manière les comptines électro pop addictives et attachantes de son album Choke Enough, trésor d’humanité assumée et de sensibilité revendiquée.
Mentionnons enfin le beau discours de Ruddy Aboab, directeur général de FIP, station éclectique par essence et partenaire logique du Prix Joséphine retransmettant la soirée en direct, sur l’avènement des musiques créées de toutes pièces par IA, la rétribution toujours foncièrement inégalitaire des artistes par les plateformes de streaming et la nécessaire résistance à opposer à ces deux phénomènes.
Une tendance qui, on l’espère, ne portera aucune ombre sur la prochaine édition du Prix Joséphine, à laquelle on souhaite d’être aussi galvanisante, solidaire et porteuse d’espoir que celle de ce mardi 30 septembre 2025.
Un immense merci à Cécile Legros et Margaux Charmel.
Texte et images François Dieudonné.