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FLAVIEN BERGER – DEDICATE 37

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Artisan fervent d’une musique plurielle et envoĂ»tante, aussi gracieusement poĂ©tique que subtilement rĂ©aliste, le jeune prodige de la scĂšne Ă©lectro-pop française livre avec Contre-Temps un deuxiĂšme album en forme de rĂ©flexion  fantasmagorique sur le temps qui passe, entre salves mĂ©lodiques Ă©videntes et longues envolĂ©es spacieuses. Rencontre avec un crĂ©ateur rĂȘveur et affutĂ© qui, Ă  force de jongler avec les formats et les genres, pourrait bien finir par crĂ©er les siens propres, et dont le caractĂšre Ă©minemment solaire transpire autant de son art singuliĂšrement bienfaisant que de sa vision hypersensible du cours de la vie et de la beautĂ© intrinsĂšque Ă  toute chose.

DEDICATE-DIGITAL_FLAVIEN-BERGER_YANN-MORISSON_01

Contre-temps est ton deuxiĂšme vĂ©ritable album, et ton cinquiĂšme long format si l’on prend en compte tes deux premiers EP de quarante minutes chacun et l’album gratuit Contrebande que tu as offert Ă  tes fans pour NoĂ«l en 2015. As- tu une idĂ©e prĂ©cise de ce que tu veux atteindre lorsque tu te lances dans la conception d’un disque ?
Non, parce que tout n’arrive pas au mĂȘme moment. Il y a des choses qui sont lĂ  depuis longtemps et d’autres qui interviennent plus tard et viennent se greffer sur la fin du processus. Je sais dĂšs le dĂ©part que j’ai un thĂšme, et j’ai envie qu’un cycle soit bouclĂ© Ă  un moment ou un autre, pour qu’on puisse retomber sur ses pattes dans l’histoire dĂ©veloppĂ©e par le disque. Mais je ne sais pas vraiment Ă  quoi ça va ressembler Ă  l’avance. Pour ce nouvel album j’avais depuis longtemps dĂ©jĂ  l’idĂ©e de proposer un voyage dans le temps, mais je l’avais imaginĂ© beaucoup plus technologique et scientifique que ça, un peu dans la lignĂ©e de Contrebande. J’avais dans l’idĂ©e de faire quelque chose qui soit basĂ© sur un univers un peu SF et le rĂ©sultat final est davantage ancrĂ© dans le quotidien, dans des sensations poĂ©tiques plus simples. Je pensais que mon vaisseau spatial serait un peu plus compliquĂ©, pour tout dire (rires). J’ai fini par mettre de cĂŽtĂ© cette premiĂšre intuition parce que j’ai trouvĂ© d’autres terrains qu’il m’intĂ©ressait plus de creuser.

Ce nouvel album semble plus apaisĂ©, plus cohĂ©rent et plus homogĂšne que son prĂ©dĂ©cesseur, LĂ©viathan. Voulais-tu inviter l’auditeur Ă  vivre une Ă©volution progressive plutĂŽt que de lui proposer une “simple” collection de nouveaux titres?
Ça, c’est toujours le cas. D’ailleurs ça peut aussi ĂȘtre une autre rĂ©ponse Ă  ta question prĂ©cĂ©dente : je pense toujours Ă  ma musique comme Ă  une Ă©volution, ce qui ne signifie pas forcĂ©ment qu’il y a une ascension ou une dynamique de montĂ©e. Ça doit juste aller quelque part, en partant d’un point pour arriver Ă  un autre. MĂȘme si j’aime que certains albums puissent ĂȘtre un rĂ©pertoire ou une suite de morceaux qui n’ont en commun que le fait d’avoir Ă©tĂ© conçus par la mĂȘme personne sur une pĂ©riode donnĂ©e, en ce qui concerne ma propre musique j’imagine plus mes propres disques comme Ă©tant des histoires. C’est important pour moi qu’il y ait une forme de dĂ©coupage en chapitres.

Pour moi, le charme majeur de ta musique tient au fait qu’elle est aussi frontalement expĂ©rimentale que viscĂ©ralement accessible. Est-ce que cette dualitĂ© est voulue de ta part ?
C’est vraiment une question que je ne me pose pas. J’avance avant tout par curiositĂ© et par dĂ©sir de faire apparaĂźtre des choses. C’est ce qui peut s’apparenter au cĂŽtĂ© expĂ©rimental dont tu parles. Je pense les sons en termes d’agencement entre eux et je me demande Ă  quoi ça va ressembler quand je les mets ensemble. C’est une sorte d’expĂ©rimentation constante qui se rapproche un peu, dans l’idĂ©e, d’un atelier de curiositĂ©s. AprĂšs ça, le cĂŽtĂ© accessible vient du fait que je suis le substrat des musiques que j’ai Ă©coutĂ©es, et que j’essaie de retrouver ce qui m’a plu en elles pour atteindre une dimension plus directe. Je ne me dis jamais Ă  l’avance qu’il faut cumuler ces deux aspects, mais j’aime bien le fait qu’on ne pige pas forcĂ©ment ce qu’on Ă©coute et que quelque chose cloche, qui ne soit pas fait comme ailleurs. C’est trĂšs important pour moi de me dĂ©marquer d’une influence supposĂ©e pour vraiment Ă©couter ce que je fais au-delĂ  de l’idĂ©e prĂ©conçue de ce que je m’en fais moi-mĂȘme. C’est vraiment le travail que j’ai fait sur ce disque-lĂ  : m’interroger systĂ©matiquement sur la prĂ©sence et la nature du moindre son, pour savoir s’il est Ă  sa place ou s’il doit ĂȘtre diffĂ©rent.

Est-ce que tu te laisses surprendre par la part accidentelle de ton travail avant de l’intĂ©grer Ă  ta musique ?
Ah oui, complĂštement. Au moment de la composition, il y a dĂ©jĂ  une part accidentelle que je garde, qui fait partie intĂ©grante du truc. Ensuite, la synthĂšse et la modification de sons ne tiennent que du hasard: je pioche dans des choses auxquelles je ne m’attendais pas. Je dois d’ailleurs dire que ce disque-lĂ  est assez dĂ©stabilisant pour moi, parce qu’à chaque fois que je l’entends je dĂ©couvre de nouvelles choses, ce qui n’était pas forcĂ©ment le cas pour les prĂ©cĂ©dents. À chaque nouvelle Ă©coute, je me retrouve un peu dans un Ă©tat d’inconfort qui me fait le voir sous un autre angle.

DEDICATE-DIGITAL_FLAVIEN-BERGER_YANN-MORISSON_02

 

Tu sembles aimer jouer avec les formats, pouvant t’astreindre Ă  un format pop comme dĂ©velopper un morceau sur une vingtaine de minutes. Comment dĂ©cides-tu qu’une idĂ©e vaut la peine d’ĂȘtre creusĂ©e sur la longueur ?
Pour ça je fonctionne uniquement par sensations. Ça passe par la micro-transe que peut provoquer et installer en moi une boucle. Par exemple, sur le morceau Contre-Temps qui donne son titre Ă  l’album, il y a l’idĂ©e d’une promenade et d’une discussion oĂč l’on ne sait pas trĂšs bien ce qu’on dit mais on prend le temps de le dire. C’est pour ça qu’il est long, et il l’était dĂ©jĂ  Ă  l’état de maquette, parce qu’il fallait qu’il tourne longtemps pour que je trouve toutes les parties mĂ©lodiques que j’y ai mises. Cette structure n’est justifiĂ©e par rien, si ce n’est que rien ne justifie de faire des choses courtes (sourire).

Tu as bĂ©nĂ©ficiĂ© d’une carte blanche au Festival Days Off de La Villette en juillet dernier, et collabores rĂ©guliĂšrement avec tes amis du collectif Sin. En tant qu’artiste essentiellement solo sur scĂšne comme sur disque, le partage avec tes pairs est-il quelque chose d’important pour toi ?
C’est mĂȘme crucial, puisque j’ai l’impression qu’une dimension essentielle de mon travail est justement de le partager avec les autres. J’ai des idĂ©es dans la tĂȘte mais elles ne sont rendues possibles que par la conversation et par l’échange avec ceux avec qui je travaille. Dans le collectif Sin que tu Ă©voques, il y a diverses personnes avec qui je travaille sur diffĂ©rents pĂŽles : Juliette Gelli et Maya de Mondragon pour la pochette de Contre- Temps, Robin pour les vidĂ©os et l’image. J’ai besoin de leur retour et de leur apport, Ă  tel point que dĂšs que je fais quelque chose, je suis mĂȘme impatient de voir comment on va partager ça, et comment ils vont emmener les choses ailleurs. J’invite aussi des gens Ă  venir chanter, par envie qu’ils fassent des choses auxquelles on ne s’attend pas. En tout cas c’est ce qui est arrivĂ© avec ce disque. Tout ce qui est liĂ© Ă  la crĂ©ation est prĂ©texte Ă  faire des rencontres et collaborer avec des gens.

L’annĂ©e prĂ©cĂ©dente, tu avais par ailleurs participĂ© aux albums de Maud Geffray et Etienne Daho. Est-ce que ces collaborations ont nĂ©cessitĂ© un effort d’adaptation de ta part Ă  leurs univers respectifs ?
Je ne crois pas, non. Je pense au contraire que ce type de collaboration aboutit parce qu’il y a une pertinence dans l’invitation. Peut-ĂȘtre que ça n’aurait pas marchĂ© avec d’autres gens, mais je pense que les gens qui m’invitent le font parce qu’ils aiment bien ce je fais et qu’ils veulent que je leur en donne une part (sourire). Maud Geffray m’a fait venir, un peu comme un rappeur, pour poser ma voix sur un instrumental, et Etienne Daho savait dĂšs le dĂ©part qu’il voulait que je fasse un chƓur sur un morceau. Je suis intervenu en tant que chanteur, pas du tout en tant que compositeur, et c’était passionnant, car c’était la premiĂšre fois qu’on m’invitait pour un “savoir- faire” musical, si j’ose dire. C’était trĂšs gratifiant.

Tes chansons sont Ă  la fois trĂšs oniriques dans ce qu’elles dĂ©gagent et trĂšs rĂ©alistes dans ce qu’elles dĂ©crivent. Penses-tu que l’art a vocation Ă  sublimer le rĂ©el, Ă  l’emmener dans une autre dimension ?
Cette idĂ©e de dimension me paraĂźt trĂšs importante, en effet. Je pense que mon dernier album est une sorte de relativisation et de prise de recul sur l’intensitĂ© des choses qu’on peut vivre. Le titre Brutalisme est assez emblĂ©matique de ça ; c’est une mise en relief de la place que prennent les sentiments, comparĂ©s Ă  des choses qui nous dĂ©passent complĂštement, dans des dimensions beaucoup plus grandes. Toute la question est de savoir ce qui se passe quand on zigzague entre les deux. Pour pouvoir “sublimer le rĂ©el” comme tu dis, je pense qu’il faut dĂ©jĂ  ĂȘtre bercĂ© par l’émotion du quotidien, par la moindre chose qui t’arrive, pour pouvoir la retranscrire en trouvant le mot et la note justes. En fait j’ai voulu faire un disque de science-fiction et je me retrouve avec un album de sensations (rires). Son titre, Contre- Temps, ne dĂ©crit pas la maniĂšre dont on pourrait remonter le temps mais plutĂŽt la façon dont il se frotte Ă  nous, comment on le sent passer.

J’ai le sentiment que tu fais partie d’une gĂ©nĂ©ration de musiciens qui ose plus de choses que les prĂ©cĂ©dentes, notamment en bravant les barriĂšres entre les genres. Comment vis-tu l’époque actuelle?
Je crois que chaque gĂ©nĂ©ration ose plus justement parce que les prĂ©cĂ©dentes ont dĂ©blayĂ© le terrain. Je vois vraiment le monde comme une fleur en train de s’ouvrir, un bĂ©bĂ© qui n’en serait encore qu’à ses premiers balbutiements. Je suis vraiment quelqu’un d’optimiste, beaucoup de mes amis me disent que c’est de la naĂŻvetĂ©, mais je crois vraiment en l’émancipation de l’humanitĂ©, je pense vraiment qu’on traverse l’équivalent d’une crise d’adolescence et qu’on va vers une forme de sagesse, mĂȘme si ça prendra encore des siĂšcles pour y parvenir. Pour ce qui concerne plus spĂ©cifiquement la musique, je pense que chaque genre sclĂ©rose les autres. Si je peux faire la musique que je fais aujourd’hui, c’est parce que j’ai rĂ©ussi Ă  m’émanciper d’un genre que j’écoutais quand j’étais adolescent, Ă  savoir le hip-hop. Quand un jour tu te rends compte qu’au final, tous les styles s’influencent entre eux, tu te dis que l’étiquette d’un genre prĂ©cis ne dĂ©finit plus rien de pertinent.

ENGLIS TEXT

Fervent craftsman of a plural and captivating music, as gracefully poetic as it is subtly realistic, the young prodigy of the French electro-pop scene delivers with Contre-Temps a second album shaped in the form of a spooky reflection on time passing by, offering obvious melodic bursts and long, spacious flights.
Meeting with a dreamy and sharp creator who, by juggling formats and genres, could end up creating his own, and whose eminently solar character transpires as much from his singularly beneficent art as his hypersensitive vision of the course of life and intrinsic beauty to everything.

 

Contre-Temps is your second album proper, and your fifth full-length record if we consider your first two EPs of forty minutes each and the free albumContrebande that you offered to your fans for Christmas in 2015. Do have you a precise idea of what you want to achieve when you start producing a record?
No, because everything doesn’t happen at the same time. There are things that have been there for a long while, and others that come later and are grafted onto the end of the process. I know from the beginning that I have a theme, and I want a cycle to be looped at one time or another, so that we can fall back on our feet at the end of the story developed by the album. But I do not really know in advance how it will sound like. For this new album I had long ago the idea to evoke a trip back in time, but I had imagined much more technological and scientific than that, a little in the tradition of Contrebande. I had the idea to do something that would be based on a little SF world and the end result is more rooted in everyday life, in simpler poetic sensations. I thought my spaceship would be a bit more complicated, to be honest (laughs). I ended up setting aside this first intuition because I found other lands that I was more interested in digging.

This new album seems more peaceful, more coherent and more homogeneous than its predecessor, Leviathan. Did you want to invite the listener to live a progressive evolution rather than to propose a « simple » collection of new titles?
That’s always the case. Besides, it can also be another answer to your previous question: I always think of my music as an evolution, which does not necessarily mean that there is an ascent or a rising dynamic. It just has to go somewhere, starting from one point to another. Although I like that some albums can be a repertoire or a series of pieces that have in common being conceived by the same person over a given period, concerning my own music I imagine more my own records as stories. It is important for me that there is a form of division into chapters.

For me, the major charm of your music is that it is as frontally experimental as viscerally accessible. Is this duality something you consciously work on?
That is really a question I do not ask myself. I go forward above all by curiosity and desire to reveal things. This is what can be related to the experimental side you are talking about: I think the sounds in terms of arrangement between them and I wonder what it will look like when I put them together. It is a kind of experimentation that is getting closer to the idea of a curiosity workshop. After that, the approachable side comes from the fact that I am the sum of all the music that I have listened to, and that I try to find out what I liked in them to reach a more direct dimension. I never tell myself in advance that I have to combine these two aspects, but I like the fact that we do not necessarily understand what we listen to and that something is wrong, that is not done in the same manner as elsewhere. It is very important for me to stir out of a supposed influence to really listen to what I am doing beyond the preconceived idea I might have of what I am doing myself. It’s really the work I did on this record: systematically questioning the presence and the nature of the least sound, to know if it is in its right place or if it must be different.

Do you let yourself be surprised by the accidental part of your work before integrating it into your music?
Oh yes, completely. At the moment of composition, there is already an accidental part that I keep, which is an integral part of the process. Then, the synthesis and modification of sounds are just random: I draw in things I did not expect. I must also say that this album is quite destabilizing for me, because every time I hear it I discover new things, which was not necessarily the case for the previous ones. With each new listening, I find myself a little in a state of discomfort that makes me see it from another angle.

You seem to like playing with formats, which can both lead you to a pop formula or develop a piece around the twenty minutes mark. how do you decide that an idea is worth digging along?
Concerning this aspect, I only work by sensations. It goes through the micro-trance that can cause and install a loop in me. For example, on the piece Contre-Temps which gives its title to the album, there is the idea of a walk and a discussion where we do not know very well what we say but we take time to say it. That’s why it’s long, and it was already in its demo state, because it had to take a long time for me to find all the melodic parts that I put in it. This structure is justified by nothing, except that nothing justifies doing short things (smiling).

You received a carte blanche at the Days Off Festival in La Villette last July, and regularly collaborate with your friends from the Sin collective. As an essentially solo artist on stage as well as on record, is sharing with your peers important to you?
It’s even crucial, since I feel that an essential dimension of my work is precisely to share it with others. I have ideas in my head but they are made possible only by conversation and exchange with those who I work with. In the Sin collective that you mentioned, there are various people with whom I work on different poles: Juliette Gelli and Maya de Mondragon for the cover of Contre-Temps, Robin for the videos and the image. I need their feedback and their contribution, so much so that as soon as I do something, I cannot wait to see how we will share it, and how they will take things elsewhere. I also invite people to sing, out of envy that they do things I do not expect. In any case that’s what happened with this record. Everything related to creation is an excuse to meet and collaborate with people.

The previous year, you had also participated in the albums of Maud Geffray and Etienne Daho. have these collaborations necessitated an adaptation effort on your part to their respective creative worlds?
No, I do not think so. I think on the contrary that this type of collaboration succeeds because there is a relevance in the invitation. Maybe it would not have worked with other people, but I think the people who invite me do it because they like what I do and they want me to give them a share (smile). Maud Geffray invited me, a bit like a rapper, to put my voice on an instrumental, and Etienne Daho knew from the start that he wanted me to do a chorus on a particular song. I intervened as a singer, not at all as a composer, and it was exciting, because it was the first time that I was asked for a musical « know-how », dare I say. It was very rewarding.

Your songs are both very dreamlike in what they sound like and very realistic in what they describe. Do you think that art aims to sublimate reality, to take it to another dimension?
This idea of dimension is very important to me, indeed. I think that my new album expresses a kind of relativism, as it takes a step back from the intensity of the things we can live. The Brutalism single is pretty emblematic of that; it is an emphasis on the place that feelings take, compared to things that are completely beyond us, in much larger dimensions. The whole question is what happens when we zigzag between the two. To be able to « sublimate reality » as you say, I think that you must already be lulled by the emotion of everyday life, by the least thing that happens to you, to be able to transcribe it by finding the right word and note. In fact I wanted to make a sci-fi record and I end up with an album of sensations (laughs). His title, Contre-Temps, does not describe how one could go back in time but rather the way time rubs itself around us, how one feels he is passing by.

I feel that you belong to a generation of musicians who dare more than the previous ones, including braving the barriers between genres. how do you live our current times regarding this point?
I believe that each generation dares more precisely because the previous ones have cleared the ground. I really see the world as a flower opening, a baby that would still be in its infancy. I’m really optimistic, while many of my friends tell me I’m naive, but I really believe in the emancipation of humanity, I really think we’re going through the equivalent of a teenage crisis and that we are going towards a form of wisdom, even if it will take centuries to achieve it. As far as music is concerned, I think that each genre scleroses others. If I can do the music I’m doing today, it’s because I managed to emancipate myself from the genre that I listened to the most as a teenager, namely hip hop. When one day you realize that in the end, all styles influence each other, you start to think that the label of a specific genre no longer defines anything relevant.

www.paneuropeanrecording.com

Merci à Lucie Alvaro, Elodie Haddad et toutes les équipes de la Cité de la Musique, 221 avenue Jean JaurÚs, 75019 Paris

Interview François Dieudonné, Photographie Yann Morrison, assisté par Lucie Alvado

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