Depuis que l’on a découvert la musique de son duo Soapkills dans le film Intervention Divine d’Elia Suleiman il y a maintenant plus de vingt ans, nous avons suivi de près le parcours de la chanteuse libanaise Yasmine Hamdan, de sa collaboration électro explosive avec Mirwais pour le génial Arabology à son interprétation magnétique du All Is Full Of Love de Björk au sein du collectif Bristol, en passant par son apparition irréelle dans le sépulcral Only Lovers Left Alive de Jim Jarmusch.

Tout juste sorti vendredi dernier, I Remember I Forget est son troisième album solo et s’éloigne radicalement du relatif classicisme formel de ses deux prédécesseurs, pour embrasser à pleine bouche une myriade de mises en sons tour à tour hypnotiques, puissantes ou bouleversantes, toujours au service de compositions à la fois singulièrement accrocheuses et éminemment personnelles.
Dessinant une synthèse de son évolution artistique comme de ses obsessions musicales tout en dressant un pont vers l’avenir, voilà un disque qui, au travers du chant si pénétrant et évocateur de sa principale protagoniste (mention spéciale à la production particulièrement inspirée de Marc Collin), toise notre monde contemporain comme il est devenu si difficile de le faire, transcendant peur, inquiétude et rage avec générosité, espoir et amour.
Un grand album pour 2025 donc.
Texte François Dieudonné