Elle est blonde riche – très – et célèbre. Mais, apparemment, tout cela ne suffit pas à Paris Hilton. A 24 ans, elle veut, en plus, faire des choses.
Le conte de fées Paris Hilton commence il y a tout juste vingt-quatre ans, le 17 février 1981, à New York où Paris (NDLR : conçue à deux pas de la Tour Eiffel, d’où son prénom) ouvre les yeux dans un monde de dollars, de pouvoir et de diamants-paillettes. Celui d’une famille multimilliardaire en dollars grâce à Conrad Hilton, son grand-père, décédé deux ans avant sa naissance. Profitant du boom pétrolier de 1919, Conrad Hilton ouvrit son premier hôtel à San Antonio, au Texas. En créant et développant la chaîne des prestigieux hôtels Hilton à travers toute la planète, il fonda une véritable dynastie à l’image des soap opéras “Dynastie” ou “Dallas”. À l’instar d’une Fallon Carington ou d’une Lucy Ewing, la jeune Paris aura une enfance dorée à l’or fin, à l’ombre des palmes de Beverly Hills où elle devra cependant affronter les jalousies et les convoitises de ses camarades de classe.
À l’adolescence, la jeune fille s’essaiera au mannequinat et au bal des débutantes version côte ouest. L’Amérique, en manque de vraies princesses au sang bleu, va bientôt devenir sa Cour et son aire de jeux favorite via les tabloïds people, avides de scandales, et les soirées mondaines jet-set, dont elle va rapidement être la nouvelle figure de proue. D’abord à Big Apple, où plus une seule soirée jet-set hype fashion ne se déroule sans une apparition de la blondine milliardaire, perchée sur talons Manolo Blanik, en minijupe de crotale vernis Galliano, laissant entrevoir un string “Dior… J’adore !” en vison rouge ! Paris est très vite happée par la capitale de la mode américaine, s’amusant même avec engouement et assurance à défiler aux côtés des top-modèles. Bye-bye le collège Waldorf de New York, welcome Paris dans le monde des grands.
Elle devient ainsi la porte-parole de la jeune société new-yorkaise bravant avec arrogance le qu’en-dira-t-on et les critiques d’une pseudo-étiquette américaine trop conservatrice. À dix-huit ans à peine, Paris est déjà en voie de devenir la nouvelle leader subversive d’une jet-set contrant un néo-establishment yuppies post 90’s, dont elle est pourtant bien issue. Paradoxale Paris ? Non, simplement teenager rebelle. Mais New York ne lui suffit pas. Sa véritable gloire mondiale sera sacralisée par sa première cover shootée par David La Chapelle pour le “Vanity Fair” de septembre 2000. Paris s’y exhibe ultrasexy car le sexy est, à ses yeux, synonyme de confiance en soi. Son sex-appeal explose devant l’objectif du maître alors qu’elle n’est même pas majeure et que ses parents, très protecteurs, ne sont pas au courant.
Elle comprend très vite le culte warholien de la stratégie de l’image afin d’attirer l’attention et de provoquer en incarnant au paroxysme le résultat du rêve américain dont elle est la parfaite héritière. Paris devient alors une sorte de substitut royal à une nation bâtarde d’outre-Atlantique. La presse américaine adore ainsi utiliser sa jeune princesse, à moins que ce ne soit le contraire. Mais, les soirées ne suffisant pas, Paris va jouer d’autres rôles dans son soap opéra de vie médiatique. Elle retourne sur les cendres du glamour hollywoodien pour multiplier les conquêtes amoureuses tout en apprenant à combattre au sein du guêpier show-biz. Elle se posera presque deux ans avec le sublimissime mannequin Jason Shaw, avec qui on parlera même un moment de mariage. Mais elle n’a que vingt-deux ans, encore très envie de s’amuser, et elle pense avant tout à se trouver une vraie carrière susceptible de légitimer autant de “célébrité” autour d’elle.
Elle s’essaie alors à l’écran, notamment devant la caméra de Ben Stiller dans le film d’horreur “Nine Lives”. Mais son but restant de plaire au grand public, rien de mieux, en ce début de nouveau millénaire, que de jouer son propre rôle de petite fille riche dans une émission de real TV pour la Fox. Elle quitte ainsi sa “complicated life” de jet-setteuse pour une “simple life” de fermière au fin fond de l’Arkansas. Ce sera un véritable succès populaire avec, chaque semaine, près de 20 millions de fans américains et plus d’1 million de français, l’année suivante, sur Canal +.
On assiste au renversement du rêve américain d’antan, visant à rapprocher les castes, pour mieux combler les fossés du château-fort Hilton au botox cathodique. Au même moment un ancien boyfriend peu scrupuleux, Rick Solomon, vend une cassette de leurs ébats amoureux qui seront multidiffusés, d’abord sur Internet puis sur DVD, à travers la planète. Paris crée encore, malgré elle, “le” scandale people de 2003. Véritable phénomène de société, consciente de sa capacité à fasciner et à créer le buzz, elle s’entoure d’une armée, managée par sa maman, de publicistes (Jason Moore et Gina Hoffman) et d’avocats afin de devenir une nouvelle icône du troisième millénaire capable de conquérir de nouvelles cibles marketing sur divers marchés potentiels. Après trois saisons de real TV, Paris a sorti, en septembre dernier, une biographie ainsi qu’un livre “écrit” par Tinkerbell, son chien mascotte, et écoulé à plus d’1 million d’exemplaires aux États-Unis.
Elle est récemment devenue la nouvelle égérie Guess, shootée par Ellen Von Unwerth, et s’apprête à conquérir les charts du monde entier avec son premier opus hype-pop, produit par le rappeur Lil Jon. Mais pourquoi avoir autant d’activités lorsque l’on est déjà aussi riche ? Peut-être pour devenir une nouvelle icône fédératrice, objet de transfert de la masse avide de consommer ses produits et les marques qu’elle représente, mais aussi peut-être pour mieux pouvoir remplir les caisses du Kabbalah Center de Los Angeles, très “tendance” depuis quelques temps chez les stars américaines. En effet, depuis février 2004, Paris Hilton est une adepte de la kabbale. La kabbale, interprétation juive, ésotérique et symbolique des textes de la Bible, ne serait-elle pas plutôt ici un dérivé de “secte” ciblant les mégastars richissimes en recherche mystique. Ainsi, Paris a rejoint d’autres artistes partageant ses convictions tels que Madonna, Britney Spears ou Demi Moore car la kabbale lui permettrait d’affronter plus facilement ses peurs. Mais quelles peurs ? Peur d’être jeune, belle, riche et célèbre ?
Texte : Cyril Xavier Napolitano
Illustration : Stephane Tartelin
Published : Printemps 2005 – DEDICATE 05