Le phrasé d’un poème à même la peau, James Nicholson nous révèle sa vision d’un 7ème art où sincérité est le maître mot. Projets prometteurs d’un jeune réalisateur, écrivain, photographe engagé. Des sentiments face caméra livrés à l’état brut, où se mêle étonnante fragilité et profondeur délectable. Lorsque l’image se fait miroir. Simplement juste…
Tes débuts en tant que réalisateur ?
J’ai tourné mon premier long métrage, “The Changing Light of Day” aux Etats-Unis. Un drame psychologique, l’histoire d’un artiste tombant amoureux d’une fille sourde qui disparait sans prévenir. A la recherche de financement, c’est en France que j’ai trouvé mes co-producteurs.
As-tu un domaine de prédilection, drame ou comédie ?
Je suis davantage attiré par les drames, ma collection de dvd est pauvre en comédie. J’aime avant tout la poésie du quotidien que je cherche à transmettre au travers de mes films. Mais il faut aussi naviguer avec l’égo, l’argent et tous ces parasites qui rongent l’industrie du cinéma. Heureusement, il m’arrive encore d’être surpris par de bons films qui me redonnent la foi et sont faits de ces petits riens qui nous font ressentir tant de choses.
Quels sont les cinéastes qui t’inspirent ?
Je considère Kieslowski comme mon père spirituel. “Le Décalogue”, “Trois couleurs” et “La Double Vie de Véronique” sont des références. Il a toujours été profondément sincère dans son rapport aux films. D’autres réalisateurs m’inspirent, comme Wong Kar Wai pour son côté esthétique et ses ambiances ou encore Michael Mann et Scorsese. Parfois je peux être touché par un film dont le réalisateur est encore méconnu et qui le restera peut-être, mais en suscitant quelques sentiments, il aura pour moi déjà réalisé quelque chose d’exceptionnel.
Quels sont tes projets ?
Actuellement je commence le tournage d’un docu/fiction qui s’intitule “Nobody Knows My Name” et dont je suis entre autre l’auteur et le réalisateur. Le tournage commencera en août aux Etats-Unis et raconte l’histoire d’un jeune réalisateur, Rashid Abdul-Salaam, qui réalise un documentaire sur Georges Brown, ancien militant noir américain membre des Black Panthers. Le film soulève une question principale : que peut-on faire aujourd’hui en tant que noir américain pour lutter contre les discriminations et le racisme, quelle forme doit prendre cette lutte ? Je veux faire le lien avec l’actualité en gardant en arrière-plan les élections américaines et l’éventualité qu’un homme noir, Obama, puisse ou non arriver au pouvoir. Les choses ont-elles changé ou le racisme est-il devenu plus sophistiqué ? Je prépare également une exposition de photos imprimées sur toile en tirage unique qui devrait avoir lieu en octobre à Paris.
Qu’est-ce qui te rebelle le plus aujourd’hui ?
Le manque d’empathie dans le monde. Comment peut-on avec autant de richesses laisser des gens sans eau potable ? Je n’attends pas que l’on soit tous demain au même niveau, chantant main dans la main avec des fleurs qui tombent du ciel … mais un peu plus d’égalité tout de même ! Etre rebelle, c’est aussi suivre son objectif quelqu’en soit le prix. Ne pas se laisser guider par un parcours prédestiné.
Si j’avais été James, quelle question m’aurais-tu posée ?
Mais qu’est-ce que tu fous là mec, va bosser.
Interview : Jessica Segan
Photographie : Sacha-K
EXTRAIT DEDICATE 17 – Été 2008