À partir du 8 octobre 2025, la Bourse de Commerce de Paris ouvre ses portes à Minimal, une exposition majeure consacrée à l’art minimal. Construite autour du cœur de la collection réunie pendant plus de cinquante ans par François Pinault — l’une des plus importantes au monde dans ce domaine — Minimal rassemble pour la première fois plus d’une centaine d’œuvres illustrant la richesse et la diversité de ce mouvement depuis les années 60 et son histoire.
C’est à cette époque qu’une génération d’artistes — Dan Flavin, Robert Ryman, On Kawara, Agnès Martin, François Morellet… — a adopté un regard radical sur l’art une art plus spirituelle .
François Pinault confie : « Pour la première fois, je lève le voile sur une part intime de ma collection. C’est le souffle qui m’accompagne et m’inspire depuis plus de cinquante ans. »
À ces chefs-d’œuvre de la Collection Pinault s’ajoutent des prêts provenant de collections prestigieuses, soulignant l’importance historique et la portée internationale du minimalisme.
Le minimalisme est né aux États-Unis dans les années 60, à l’aube de l’après-guerre. Mais ses racines plongent plus loin : des mouvements comme De Stijl ou le constructivisme avaient déjà ouvert la voie à une esthétique épurée. Ce courant invite à revenir à l’essentiel, jusqu’à atteindre une dimension presque spirituelle. C’est l’aspiration des avant-gardes : concevoir l’objet, l’art ou l’architecture au service de l’humanité. Rompre avec l’ornement pour accéder à la forme la plus pure — un appel profond à la simplicité.
Le minimalisme a marqué toute une génération et continue d’inspirer aujourd’hui, donnant naissance à de multiples courants, adaptés à chaque culture.
Qu’est-ce que le minimalisme ? Une démarche artistique et culturelle qui nous invite à revenir à l’origine. Elle cherche à atteindre l’expression la plus pure de l’art et du design, dépouillée d’ornements superflus. L’objectif est de mettre en lumière les formes et matériaux essentiels, dont la simple présence transmet une richesse de significations.
Cet art s’exprime dans les arts plastiques, la musique, les installations, les performances, l’architecture et même la mode. Le minimalisme nous rappelle l’importance de la qualité, de la pureté et de l’essence, en nous invitant à nous concentrer sur ce qui compte vraiment : la forme, la fonction et l’utilité.
A la Bourse de Commerce, La sélection met en avant la simplicité formelle, la géométrie et l’économie de moyens. Le parcours invite à une expérience sensorielle où le vide et l’essence pure des matériaux — structures, peintures, installations — conduisent à une immersion presque méditative. Plutôt que de suivre une chronologie stricte, l’exposition s’articule autour de thèmes majeurs : lumière, grille, matériau, surface, monochromie, équilibre. Une place particulière est réservée au minimalisme japonais.
A ne pas manquer:
Galerie 2 — Lygia Pape : Tisser l’espace
Artiste phare de l’avant-garde brésilienne, Lygia Pape (1927–2004) transformait lumière, matière et espace en expériences poétiques. Ses Ttéias, fils de cuivre tendus, modifient leur apparence selon la lumière et le mouvement du spectateur, créant un « espace magnétique ». Pour Pape, la ville était un atelier social où se tissaient de nouvelles relations humaines.
Rotonde
À l’arrivée dans la rotonde centrale, le visiteur est frappé. Une installation monumentale de Meg Webster — artiste et activiste écologique — utilise la nature comme matériau : terre, brindilles, sel, argile et cire obtenus localement. Volumes, compositions visuelles et fragrances éveillent une réflexion sur les matières premières et notre lien à la nature.
Galerie 3 — Mono-ha
Au Japon, après la Seconde Guerre mondiale, un groupe d’artistes — Enokura, Susumu Koshimizu, Kishio Suga, Jiro Takamatsu, Lee Ufan et Yoshi Wada — a exploré les matériaux simples : pierre, bois, métal, verre… Leur objectif était de révéler la nature intrinsèque de chaque élément et d’introduire une dimension spirituelle et culturelle propre au Japon d’après-guerre.
Cette approche a profondément marqué la culture japonaise et son rapport à l’art, à l’espace et au corps. Le mouvement Mono-ha (l’« école des choses ») relie l’esthétique, la philosophie et la vie quotidienne, transformant la perception du monde matériel en une expérience méditative. Ici, art et existence se confondent, invitant à une contemplation silencieuse de la matière et du vide.
Galerie 5 — Matérialisme
Sculptures, insertions dans le paysage, formes géométriques : ces œuvres invitent à une expérience sensorielle et à une réflexion sur notre rapport à la matière et à l’environnement.
Parmi les temps forts, citons les œuvres d’On Kawara situées avant la rotonde, ainsi que les installations lumineuses de Dan Flavin dans la Salle des Machines / Studio, célébrant la lumière électrique comme langage artistique.
Minimal n’est pas seulement une collection : c’est une expérience. Une invitation à redécouvrir la puissance du dépouillement et à comprendre que, parfois, le minimal recèle le plus profond.
Jusqu’au 19 janvier 2026
2 rue de Viarmes, 75001 Paris
lundi à dimanche de 11h à 19h (fermé mardi).
Photographies et vidéo ©Krystal Ortiz Rivera
Texte Sophia Thowinsson
