Dans le cadre de sa prochaine exposition au Musée de la Préhistoire d’Ile de France, nous avons choisi de vous présenter le travail hors du commun de l’artiste français, Jean-Paul Marcheschi.
Peintre, sculpteur et scénographe, à travers des performances empreintes de lyrisme, de poésie et de mysticisme, il nous délivre une oeuvre immense, singulière, picturale et profondément liée à sa discipline de vie.
C’est entre les murs caverneux de son atelier, qu’il rassemble, accumule et utilise comme matière première des pages de vieux manuscrits et des feuilles de papier perforées 21X29,7 cm, sur lesquelles il y inscrit des bouts de phrases, des mots qui l’obsèdent, des dessins, ou toutes idées fugitives. Après avoir juxtaposé des dizaines de ces feuilles, créant bien souvent des ensembles monumentaux, il utilise son instrument de prédilection en guise de pinceau : un flambeau de feu.
Commence alors un rituel du geste ou la performance nous rappelle la force d’un Jackson Pollock ou l’artiste s’investit corps et âme, projetant la flamme et le noir de la fumée contre le papier, obtenant un résultat surprenant, produisant des noirs opaques épais ou à peine visibles et des effets de matières maitrisées avec une parfaite précision. La lumière et la nuit sont des thèmes d’inspiration chers à l’artiste.
Au départ le lieu d’exposition idéal pour l’artiste est un lieu vide et circulaire. Mais paradoxalement il aime investir et se réapproprier des lieux aussi variés que les églises, les châteaux, les musées, les galeries mais plus généralement des lieux empreints de mysticisme, de croyances, des lieux de culte, et de mémoire. L’oeuvre de l’artiste est une oeuvre in Progress qui a suscité un grand nombre d’expositions axées autour de thématiques telles que les Onze Mille Nuits, Tenebroso Lago, Les Livres Rouges, Les Nuits, Les Oracles et plus récemment, Les Fastes présentés au Musée de la Préhistoire.
C’est pour mieux nous éclairer sur cette oeuvre que le commissaire d’exposition, Francis Saint Genez, a bien voulu se prêter à une courte interview :
Monsieur Saint Genez, pourriez-vous nous décrire en quelques mots l’origine du projet “Les Fastes” et nous décrire le processus de création de l’oeuvre ? A quoi fait-il référence?
Les Fastes, c’est avant tout le texte de l’auteur antique Ovide, c’est un calendrier de l’année liturgique romaine et un traité astronomique des jours et des saisons. A Nemours, c’est l’omniprésence de la forêt, à l’entrée de laquelle le musée est installé, qui a conduit Jean-Paul Marcheschi sur le chemin des Fastes ovidiens.
Les Fastes, en définitive, chantent les changements cycliques des astres et de la nature au cours des saisons pour mieux insister sur la permanence du monde, sur le caractère atemporel de l’univers, par-delà le renouvellement des êtres et des choses. C’est un thème qui est très cher, je le crois, à Jean-Paul Marcheschi et
qui est venu féconder une année entière de création plastique.
Comment s’inscrit-il dans le Musée Départemental de Préhistoire d’Ile-de-France et quels liens, les oeuvres, entretiennent-elles avec l’histoire du Musée?
Inviter un artiste contemporain dans un musée de Préhistoire ne va pas complètement de soi, c’est indéniable. Néanmoins, le musée de Préhistoire VVVde Nemours présente l’avantage d’être construit sur un site forestier et rocheux pittoresque, à l’extrémité sud de la forêt de Fontainebleau, et d’avoir été conçu par un architecte de grand talent, Roland Simounet. Le bâtiment de la fin des années 70, en béton brut de décoffrage et verre, est protégé au titre des monuments historiques et a été inscrit au “Patrimoine du XXe siècle”. A fortiori quand on se pose la question de le faire vivre et de “l’habiter”, le lieu porte en lui “un je ne sais quoi” qui invite à se tourner vers la création vivante.
Enfin, la Préhistoire, parce ce qu’elle touche à un passé extrêmement lointain dont nous ignorons beaucoup plus de choses que nous en savons, ravive les grandes questions essentielles de ’histoire de l’humanité, celles qui sont de tous les temps et qui rejoignent les préoccupations de beaucoup d’artistes d’aujourd’hui pour lesquels l’art a une fonction cognitive évidente.
En quelques mots, pouvez-vous nous parler de l’artiste ? Votre sentiment sur son travail?
Nombreux sont les critiques et les auteurs qui ont analysé et commenté l’oeuvre de Jean-Paul Marcheschi. Des textes sublimes ont été écrits sur son travail, je ne suis pas certain d’avoir beaucoup à rajouter à tout ce qui a été déjà dit. Néanmoins, ce qui me frappe sans doute le plus chez Jean-Paul Marcheschi, au-delà de la dimension de projet et d’oeuvre in Progress, c’est la fusion totale de l’oeuvre et de la vie de l’artiste. Au sens premier du terme, son travail est dramatique, c’est-à-dire qu’il est du domaine de l’action. Jean-Paul Marcheschi vit son oeuvre plus qu’il ne la produit.
Pour en savoir plus sur l’actualité de l’artiste :
http://www.marcheschi.fr
Nos vifs remerciements à Francis Saint Genez, commissaire de l’exposition et à l’artiste pour sa générosité.
Interview : Christophe Menager
Photographie : Stephane Meyer et Artiste
EXTRAIT DEDICATE 20 – Printemps/Été 2009