Capitale ibérique en pleine renaissance créative, centre névralgique de la culture mode nationale, Madrid et sa Fashion Week nous ont gratifié d’un medley de collections printemps été 2012 trendy à souhait. Décryptage.
Etonnamment, alors que l’Espagne est un pays de culture, celui de Cervantes, de la Movida et surtout aujourd’hui une plateforme incontournable du design et de l’architecture, la création mode y semble quelque peu à la traîne.
Pas sur le mass market, of course, où le géant Inditex (propriétaire de Zara, Bershka, Stradivarius…) ou encore Desigual, sont de véritables machines de guerre pour le prêt à porter. Mais en terme de griffes créateurs ou luxe, seul le spécialiste du cuir haut de gamme Loewe – du groupe LVMH – connaît une reconnaissance mondiale.
On s’est donc aventurés à la Fashion Week de Madrid, pour un état des lieux de la création locale.
Premier constat, et c’est le cas dans la majorité des Fashion Weeks « off », – hors les quatre principales – les créateurs qui font autorité ne sont pas nécessairement les meilleurs. Bien installés dans leur pays où de VIP friends en shows/spectacles un brin kitch font rêver le commun des modeux, ils n’ont pour la majorité aucune légitimité potentielle sur le marché international. Seule exception, Agatha Ruiz de la Prada, qui avec sa colorfull touch toute méditerranéenne et son énergie hédoniste, offre une mode chatoyante, optimiste et sans prétention qui donne de la joie au cœur.
Pour le reste, c’est du côté de la nouvelle génération qu’il faudra se tourner pour tâter le pouls fashion du peuple madrilène. Loin des codes classiques du vestiaire contemporain occidental – ce qui n’est pas nécessairement un mal – nous assistons à un véritable débordement créatif, impulsé par une génération de designers dont le travail mixe, allègrement et savamment, une approche conceptuelle et un regard amusé sur la silhouette.
Indéniables hérauts de cette nouvelle garde, Ion Fiz et Davidelfin font figure de porte- drapeau. Le premier par son travail d’une précision rare sur la structure du vêtement autant que par le mélange d’imprimés, qui n’est d’ailleurs pas sans évoquer Dries Van Noten dont il se revendique d’ailleurs. Le second parce qu’il joue brillamment des couleurs qu’il décline avec humour et brio sur des pièces du vestiaire classique.
Viennent ensuite la très Charli le Mindu Maya Hansen, avec sa ligne de sous-vêtements capillaires so Lady Gaga, et le déglingo aux imprimés indubitablement « Kawakubesques », Carlos Diez.
Une new generation débordante de peps et de créativité donc, qui nous fait dire que si la mode espagnole et madrilène ont encore du chemin avant de faire la nique aux mastodontes parisiens, londoniens ou milanais, elle a au moins le grand mérite de se fabriquer une identité propre. Une donnée fondamentale par ailleurs, qui laisse augurer du meilleur pour cette Movida mode qui s’imposera certainement dans les prochaines années sur la scène internationale.
Texte : Karim Zehouane
EXTRAIT DEDICATE 28 – Printemps/été 2012