Il est des créations qui marquent les esprits. Et puis, il en est d’autres qui redéfinissent notre rapport au monde. Lors de la Milan Design Week 2025, un parfum s’est élevé au rang de constellation, non pas par simple métaphore, mais parce qu’il a su faire converger art, science, architecture, philosophie et design en un souffle commun : celui de l’optimisme. ALDEBARAN, la nouvelle création olfactive signée Marc-Antoine Barrois par Quentin Bisch, appartient résolument à cette catégorie à part.
Portés par la vision de l’artiste-architecte Antoine Bouillot, Marc-Antoine Barrois et Quentin Bisch n’ont pas simplement révélé une fragrance. Ils ont façonné une expérience sensorielle totale, une immersion poétique où le parfum devient langage, et l’espace, résonance. Les créateurs ont offert aux visiteurs une traversée inédite, une odyssée intérieure où chaque pas invite à redéfinir la lumière, l’ombre, et ce qui les relie : l’espoir. ALDEBARAN, c’est quand le parfum devient étoile, et l’émotion, matière.
Mission Aldebaran : voyage au cœur d’une étoile
Installée au Salone dei Tessuti, écrin Art déco du textile milanais, l’œuvre immersive Mission Aldebaran a été récompensée du prestigieux prix de la meilleure installation du Fuorisalone. Une distinction méritée : elle ne se contentait pas de raconter un parfum, elle en proposait l’expérience vivante. Le parcours guidait les visiteurs à travers une forêt de cordes noires suspendues, un labyrinthe obscur évoquant les incertitudes de notre époque. Puis surgissait soudain une clairière baignée de lumière, constellée de tubéreuses en papier, imprégnées d’un effluve envoûtant. Aldebaran, 400 fois plus lumineuse que notre Soleil, illuminait alors le chemin des visiteurs.
ALDEBARAN n’est pas un parfum comme les autres, mais un manifeste olfactif. Une odeur assumée, décomplexée. Pas de nostalgie capiteuse ici, ni d’excès. Quentin Bisch, complice fidèle de Barrois, signe une composition aérienne et radicale. L’effet ? Une aura pure, presque céleste. Un parfum qui n’impose pas, mais qui enveloppe. Il ne cherche pas à séduire, mais à élever.
Un parfum, des disciplines, une vision
On parle d’une étoile née d’un chœur de disciplines. Une chorégraphie interdisciplinaire guidée par une vision : celle d’un monde où la beauté a du sens, où la création est responsable, où l’élégance devient engagement.
L’installation est née de l’union rare de sensibilités multiples : la lumière pensée avec l’astrophysicien Anthony Salsi, les rythmes ondulatoires imaginés par le compositeur Thomas Roussel et son équipe, l’algorithme comme miroir de l’espoir décortiqué par la chercheuse Aurélie Jean, l’éthique de l’optimisme explorée par la philosophe Marie Robert, et enfin, le récit de l’aventure, préfacé par le navigateur Armel Le Cléac’h.
De la Haute Couture au mobilier : l’extension du geste créatif
L’exposition ne s’arrêtait pas à l’olfaction. Marc-Antoine Barrois, en étroite collaboration avec Bouillot, présentait également une collection de mobilier sculptural : bancs et tabourets inspirés de galets et de gouttes d’eau, fabriqués dans des matériaux nobles, bruts, organiques. Une continuité naturelle pour celui qui a fait de l’artisanat d’exception son langage.
Cette incursion dans le design d’intérieur ne trahit pas son ADN. Au contraire, elle l’élargit. Elle prouve que l’univers Barrois — couture, parfumerie, objets n’est pas cloisonné, mais poreux. Viscéralement cohérent.
ALDEBARAN, c’est aussi un parfum écologiquement vertueux. Un flacon conçu pour durer, une étiquette infalsifiable, une production 100 % française. Et, au-delà du produit, un soutien tangible à des causes humaines : insertion, réinsertion, accompagnement de la fragilité sociale. L’éthique comme pilier, non comme argument marketing.
Et si l’optimisme était une forme d’art ?
C’est l’hypothèse que pose Marc-Antoine Barrois. Une hypothèse incarnée, sensible, lumineuse. Dans un monde traversé par les doutes et les fractures, où la complexité nous submerge, son étoile Aldebaran ne cherche pas à éblouir, mais à montrer le chemin. À guider ! Non pas en éclatant comme une comète, mais en irradiant doucement, comme une promesse.
Une promesse parfumée, suspendue entre science et poésie, entre matière et mystère.
Un souffle d’espoir voit le jour.
Un geste de beauté durable, et peut-être, une nouvelle manière de créer : plus juste, plus vaste, plus humaine.
Marc-Antoine Barrois, c’est tout cela et plus encore.
Journaliste : Rania Harrath