Considéré comme l’un des meilleurs designers de sa génération et célébré meilleur « Designer de l’année » par le jury du Miami Design District, l’artiste Marc Newson, nous délivre un travail singulier, protéiforme et emblématique.Son écriture explore avec audace et sensibilité tous les champs possibles de la création à travers une multitude de projets et de réalisations tous aussi variés les uns que les autres et reconnaissables entre tous.
Marc Newson n’est pas seulement le créateur reconnu d’objets cultes et industriels à travers ses Lockheed Lounge, Wicker Chair, Embryo Chair 01 ou sa très emblématique Orgone Strecht Lounge, c’est aussi le designer génial et débordant d’idées dont les créations témoignent d’un indéniable éclectisme allant de créations ultra pointues à du design de produits de grande consommation pour Tefal, Nike, Samsonite, Magis ou G-star.
Exposé à travers le monde, du Design Museum de Londres au MoMa de New York, de la galerie new-yorkaise Gagosian à la Fondation Cartier de Paris, Marc Newson n’a de cesse de réfléchir et de travailler sur des projets, des plus simples aux plus luxueux.
Qu’il s’agisse de travailler en étroite collaboration avec l’industrie aéronautique pour l’aménagement d’un avion A380 ou sur le design d’un vaisseau spatial pour EADS, Marc Newson n’a pas de limite et chaque projet est une nouvelle étape.
Devenu aujourd’hui une personnalité incontournable et internationalement reconnue, son travail se caractérise par des lignes pures et courbes, où l’élégance, l’originalité et le raffinement se côtoient.
C’est grâce au soutien et à la collaboration des représentants de la marque G-STAR, que nous avons pu demander à l’artiste de se prêter au jeu d’une courte interview.
Marc, pouvez-vous nous dire ce qui vous a poussé à choisir la voie du design comme moyen d’expression ?
Je n’ai pas commencé pour être “designer” mais j’ai toujours fabriqué des choses et je me suis toujours intéressé à la manière dont les choses sont faites. Quand j’étais enfant, je me souviens que je démontais mon vélo, mes karts et que je les remontais. Je me souviens avoir fabriqué une montre à partir d’un morceau de plexiglas. Ensuite, je suis passé par une école d’art, j’ai étudié la joaillerie et le travail de l’argent, surtout parce qu’ils m’ont appris à me servir d’outils et c’était ce qui m’intéressait : comment utiliser les différents outils.
Pourriez-vous nous donner en quelques mots, une définition simple du « design » ?
Le Design c’est l’amélioration des choses, c’est regarder vers l’avenir, pousser la technologie plus loin. Pour moi, en tant que Designer, c’est une chance incommensurable d’améliorer ce qui existe déjà… Simplifier, esthétiser, améliorer technologiquement…
Pourriez-vous nous dire comment naît un projet ?
Lorsque je reçois un projet, j’y réfléchis pendant longtemps avant de dessiner mes idées dans le carnet que j’ai toujours avec moi. C’est seulement dans un second temps que je m’assieds avec mes collègues au studio pour mettre ces idées dans l’ordinateur avec un programme 3D. À partir de là, on peut passer à la réalisation de prototypes et puis ça s’enchaîne. Le développement en design industriel peut prendre 2 ans. C’est le grand contraste avec la mode où tout est si rapide.
Est-ce que tous les projets vous intéressent ?
Complètement. Pour moi tout est « Design », que ce soit une voiture, une montre, un vêtement. La seule différence c’est l’échelle.
Selon vous l’art est-il une source d’inspiration ? Est-ce qu’il y a des artistes ou créateurs qui vous inspirent ? Et comment cela se traduit-il dans vos projets ?
Dans le passé, c’était une inspiration, mais aujourd’hui, je suis inspiré beaucoup plus par la culture populaire en général, l’art, la musique, les films, la danse… Tous ces domaines ont une véritable influence créative sur moi, mais pas de manière consciente.
Marc, vous avez travaillé sur tant de projets, tous plus intéressants les uns que les autres. Après des projets d’envergure tels que celui d’EADS, existe-t-il encore quelque chose que vous rêveriez de faire ?
J’ai eu la chance d’avoir designé la plupart des choses que j’ai toujours voulu faire, jusqu’à un « Spaceplane ». Maintenant… peut-être une station spatiale.
Vous arrive-t-il encore aujourd’hui de prendre des risques sur certains projets ?
Je ne dirais pas des risques, mais j’aime les expérimentations. Je crois à la « pollinisation croisée ». J’adore utiliser ce que j’apprends dans une industrie et l’appliquer à une autre, et cela, plus spécialement en terme de matériaux et de technologies. Un grand nombre de mes inspirations vient de ces détournements de nouvelles matières, de procédés, de technologies que j’ai utilisés au cours de mes différents travaux.
Vous collaborez depuis 2003 avec G-STAR sur un certain nombre de collections de vêtements, en appliquant des techniques du design industriel. Pourriez-vous nous dire comment s’est produite cette rencontre avec la marque ?
J’ai été approché par G-Star il y a quelques années maintenant. Leur président, Jos van Tilburg est un de mes collectionneurs et on a immédiatement cliqué. Il a une jolie vision, de l’enthousiasme. Il avait l’idée que j’apporterais un nouveau regard, une sorte de variétés de concepts et puis ça a grandi. G-Star est une entreprise dynamique, ultra précise dans ce qu’elle fait et super efficace.
Quelle est la prochaine étape avec eux ?
La relation entre cette collection et la précédente présente vraiment une évolution. Nous sommes très conscients que ce ne peut être une gamme mode conventionnelle. Le sentiment derrière ce travail est que nous ne devons pas être esclaves du cycle des saisons. Je dirais que c’est plus une approche de collection collaborative, chaque fois unique et limitée, très proche philosophiquement des éditions limitées que je réalise pour les galeries d’art.
Qu’aimeriez-vous expérimenter ?
Sûrement l’utilisation de process industriels et de matériaux que j’utilise dans d’autres domaines, en essayant d’inclure dans toute la collection, de l’humour, du fun.
Qu’est-ce que le bleu représente pour vous ? Le vert ? Le jaune ?
Il y a certaines couleurs, en fait, certaines intensités de couleur que j’aime et avec lesquelles je me sens bien, Pantone 021C (orange), le Pantone 7375C (vert) et le Pantone 116C (jaune) par exemple.
Qu’évoque pour vous la thématique de “party et fun” dans votre travail ?
Mon coffret pour le magnum de champagne Dom Pérignon me vient à l’esprit…
Avez-vous des projets en cours ou à venir ?
De nombreux projets dans l’aviation, je poursuis mon travail avec Qantas en tant que creative director, ainsi que des commandes d’aménagement intérieur de jets. Je continue mes collaborations avec G-Star, Dom Pérignon, Jaeger-LeCoultre, bien sûr. Et puis, il y a d’autres projets comme une nouvelle gamme de baignoires en céramique, des lits superposés pour enfants, un téléphone portable, un appareil photo pour une marque japonaise et encore d’autres trop confidentiels pour en parler ouvertement à ce niveau du développement, mais tous plutôt excitants. Il y a aussi un livre rétrospective de mon travail, édité par Taschen qui verra le jour cette année.
Marc Newson, nous vous remercions infiniment d’avoir bien voulu nous accorder cet entretien en toute sincérité et nous vous souhaitons beaucoup de succès dans vos projets.
Pour en savoir plus sur le travail du designer :
www.marc-newson.com
Interview : Christophe Menager
Photographie : Courtesy Marc Newson – G-Star
Published : Automne-Hiver 2011 – DEDICATE 27