La Femme est un groupe de rock français au nom évocateur et énigmatique; un groupe à géométrie variable (5 garçons, 1 fille, parfois 2, ou même trois). La Femme ne cesse d’aguicher et séduire les foules depuis maintenant près de deux ans.
A l’occasion de la sortie de son ultra buzzé premier album aux influences bipolaires (rockab / new wave, punk / yéyé), il était temps de faire connaissance avec cette entité mystère, avide de sensations.
On imagine que tout commence sur une plage de Biarritz, sans doute un jour ensoleillé, un jour d’école buissonnière où il est tentant d’aller surfer plutôt que de somnoler en cours. Marlon Magnée et Sasha Got fréquentent alors le même lycée. Ensemble, ils font les 400 coups, en boivent sans doute presque autant, et aussi parfois qui sait, en donnent ou en reçoivent. Avec leur copains, ils écoutent Jimmy Hendrix, Stevie Ray Vaughan, Ronnie Bird, beaucoup de musique sixties anglo-saxonne, et apprennent chacun un instrument.Pour Marlon, qui a baigné dans la musique toute son enfance (son grand père était clarinettiste jazz), ce sera le piano au conservatoire. Pour Sasha, la guitare en autodidacte, alors qu’au même moment il découvre la cold wave française du label Celluloid et la scène synthé des jeunes gens modernes. Ce sera le déclic, un véritable choc esthétique. Et pour les deux ados, le moment clé pour commencer à composer.
Les influences de La Femme proviennent donc de cette période d’apprentissage et de brassage des genres, où no wave, rockabilly, psycho et même électro se télescopent. Cet âge ou tout est permis, sans barrière, sans oeillère ; où il est cool d’écouter à la fois Marie et les Garçons et Justice, Elli & Jacno ou Kraftwerk et les Birdy Nam Nam, en tapotant sur Youtube les yeux écarquillés devant son écran, forcément connecté aux enceintes, forcément le volume à fond. Où il est de bon ton aussi de twister sur un vieux vinyle de Gainsbourg, dans un même élan. De loin, ils regardent la scène parisienne des baby rockers exploser, toute cette flopée de groupes de kids qui ne manquent pas d’allure mais parfois d’épaisseur. Nous sommes au milieu des années 2000, Marlon et Sasha font leur cartons, foncent à Paris où ils fondent SOS Mademoiselle avec un pote, pour se faire les dents. Turbulents, fougueux, ils passent à la vitesse supérieure avec La Femme – d’abord un side projet, qui très vite prendra le pas sur leur première formation. Marlon est alors en seconde et c’est au lycée qu’il rencontre le futur bassiste du groupe, Sam. Un peu plus tard à la suite d’un concert punk arrosé, deux autres musiciens, Néo et Nunez, viennent compléter la section rythmique. La Femme prend forme, encore floue et changeante dans sa structure. Avec l’arrivée au chant de Clémence Quelennec (qui a répondu à une petite annonce sur le web), le groupe gagne en féminité, en séduction. La Femme s’incarne alors complètement. Dans l’excitation, d’autres chanteuses sont invitées en studio ; selon les moments, les envies ou les dispos. La Femme se fait pieuvre, tentaculaire. En mode DIY, mais de façon de plus en plus assidue, La Femme devient une pro. Bientôt, elle crève l’écran. Celui d’internet, encore une fois, avec le visuel de son premier Ep dont la pochette reprend le tableau de Courbet “L’origine du monde”.- Si c’est d’abord la cover qui capte l’attention, c’est aussi et surtout le son qui accroche ; La Femme séduit tout de suite par son élégance rétro-future, ses chansons sur lesquelles se frottent sixties et eighties, guitares et séquenceurs ; un son aiguisé entre surf et sueur, guilleret et incisif à la fois, le tout dans la langue de Molière, à l’ancienne comme se plait souvent à le préciser Marlon – et pourtant complètement dans l’air du temps.
Le groupe déboule dans le paysage rock français avec toute sa singularité et son sens du style ; l’équipe au complet se présente les cheveux blonds platine, comme les enfants damnés du village de John Carpenter, ou bien comme dans un rêve SF des fifties, suranné et pop art à la fois. Leur premier tube “Sur la planche” se fredonne et se sifflote. La Femme aussi, comme un cocktail, se sirote; ou se boit cul sec, selon l’heure et l’humeur. Le groupe sort très vite “Paris 2012”, morceau sous influence oi! pour lequel ils réalisent eux-mêmes un premier clip bluffant. A la fin de cette vidéo, ils font exploser la tour Effel : il est temps de voyager. La Femme part en tournée en mode’ équipée sauvage’ pour une trentaine de dates aux U.S, poste des messages sur ses réseaux sociaux pour dormir chez ses fans, tourne ensuite en Europe, puis de retour au pays, enregistre pendant plus d’un an son premier album. Le 9 Mars 2013, journée de la femme, un mois pile avant la sortie du tant attendu premier opus “Psycho Tropical Berlin”, on leur demande si, comme Julien Clerc, les femmes, ils les aiment. Et surtout, lesquelles.
INTERVIEW PIN UP
– La plus belle femme du monde pour vous ? Liz Kracovitch
– Celles qui vous ont le plus inspiré pour composer ? Paris Hilton & Catherine Ringer
– Celle que vous avez en photo dans votre studio d’enregistrement ? La derniere couverture d’Union
– L’héroïne la plus iconique ? Barbarella
– La chanteuse ultime ? Blondie
– La femme la plus punk ? La cochonne qui suce
– La plus stylée ? Dyna Dagger
– Le groupe La Femme est-il sexiste ? Sexuel ? Ou transgenital ? Sexuel & transgenital
Album Psycho Tropical Berlin
Sortie le 8 avril 2013(Disque Pointu / Barclay)
TEXTE ET INTERVIEW Philippe Laugier PHOTOGRAPHIE Thomas Smith
Extrait de DEDICATE 30 – Printemps-Été 2013