Il y a des soirées qu’on oublie, et puis il y a les dîners Girls Support Girls. Le genre de moment suspendu où les conversations débordent d’idées comme un vin bien choisi déborde de promesses. Une table, des femmes, des convictions, des éclats de rire et de potentiels inouïs.
Après avoir semé les graines de la sororité dans l’univers du cinéma, le tandem de feu Karolyne Leibovici et Vanessa Djian, en trio complice avec Delphine Caurette, a eu l’intuition brillante (et franchement inévitable) de faire swinguer le concept dans l’industrie musicale. Résultat : un écosystème féminin en pleine floraison, une table par trimestre et un réseau qui ne se contente pas de connecter, il crée.
Le 30 juin dernier, un 3e dîner a donc eu lieu, soutenu cette fois-ci par le très stylé Mob House, lieu hybride et inspirant à l’image des femmes qu’il accueillait. Et quelle tablée ! Une sélection de parcours variés, venus partager un moment de réflexion, d’échange et d’écoute : Delphine Malaussena, Mathilde Carmet, Adi Oasis, China Moses, Vicky R, Barbara Butch, Vernis Rouge, Charlotte Gaurichon… Un casting assez discret mais engagé, fidèle à l’esprit du dîner : loin des projecteurs tapageurs, mais solidement ancré dans le réel. Et c’est justement ce qui fait la force de Girls Support Girls : rassembler, sans hiérarchie, celles qui bossent, celles qui créent, celles qui avancent souvent dans l’ombre, mais jamais sans impact.
Encore une fois, c’était plus qu’un simple repas, mais une preuve tangible que dans une industrie où les chiffres restent encore majoritairement masculins, les voix féminines peuvent et doivent se faire entendre. À volume maximum, si possible. Entre deux bouchées, on parle production, mixage, droits, storytelling, avenir. On partage des tips, des coups de cœur, des coups de gueule, des refrains et des rêves. L’ambiance ? Intellectuelle, joyeusement subversive et franchement galvanisante. Pas de posture, pas de compétition, juste l’envie commune de faire bouger les lignes et d’écrire la bande-son d’un futur plus juste.
Le but n’est pas de cocher la « case féministe », mais d’activer des synergies, de faire émerger des collaborations, de voir l’invisible et de concrétiser l’impossible. Ces rencontres consistent en un laboratoire où chaque femme peut poser ses mots, ses notes, ses idées folles ou pas. Car si l’industrie musicale peut parfois ressembler à un club insonorisé, ces dîners sont des lieux d’amplification, d’échos et de résonances.
Et puisqu’on parle de résonance, il faut saluer le Prix Girls Support Girls, Femme de l’année, attribué à l’immense Audrey Ismaël. Autrice-compositrice d’exception, qui a signé des bandes originales marquantes pour Le Consentement, La Voie Royale, Diamant Brut ou encore Le Royaume. Des œuvres traversées par la force, la douleur et la lumière des trajectoires féminines. Un prix lancé dans le cadre du Festival du Film de Demain, parce qu’un demain inclusif, ça se fabrique aussi avec des partitions.
Pour Karolyne et Vanessa, il s’agit avant tout d’incarner l’esprit du collectif, de montrer que derrière chaque réussite individuelle, il y a souvent une communauté qui pousse, qui croit, qui soutient. Et ça, franchement, ça groove bien plus qu’un solo d’ego.
Alors, vivement le quatrième dîner. Et d’ici là, que chacune et chacun se rappelle : le girl power, ce n’est pas une tendance. C’est un tempo. Un rythme de fond. Et il ne fait que commencer à battre.
Crédit photos : Laura Strauss
Rédaction : Rania Harrath