Les écossais de Django Django que nous avions rencontré pour notre Numéro 33 sont à Paris ce jeudi, à la Gaïté Lyrique.
Django Django, les cowboys du soleil
Il y a deux ans jour pour jour, je découvrais Django Django lors du Primavera Festival à Barcelone. Le groupe avait emballé le public avec leurs riffs de guitares posés sur, tantôt des synthés futuristes, tantôt des sonorités psychédéliques. Il avait joué son premier album éponyme avec ferveur. Il me donnait l’impression d’être dans la version cosmique et far west de Retour vers le futur.
Je rencontre pour la première fois les quatre garçons ce printemps pour parler de leur nouvel album Born Under Saturne. Moi qui pensais saluer une bande de Sergio Leone du dancefloor, je me retrouve devant quatre écossais qui ne manquent pas de bagout. Si on tire sur des saloons avec des pistolets lasers, ils considèrent leur second opus comme “une teuf au Caesars Palace de Las Vegas au temps de la Grèce antique”.
Born under Saturn est un album lumineux et cosmique. Truffé de tubes, comme l’addictif Pause Repeat et le “grower” Shot Down, il est aussi bien taillé pour les festivals estivaux en plein air que pour les salles de concert sombres. Sa force ? Cohérent, sans être ennuyant; surprenant, sans être déroutant. À chaque écoute, on s’enthousiasme d’un nouveau détail. Une montée de synthés, un solo de saxophone jouissif, un riff de guitare tarantinesque, les anglais ont superposé des couches de bonheur, à déguster par parties.
Fil rouge créé par les premiers singles First Light et Reflections, la lumière baigne et dirige tout l’album. “Nous avons enregistré dans un petit studio à Londres et chaque fois qu’un rayon de soleil pointait son nez, nous étions super contents. L’album évoque l’attraction vers la lumière, dans tous les sens du terme. Nous ne voulons pas être tapis dans l’ombre. Nous sommes dans la positivité.”
Les deux derniers albums de Django Django et Tame Impala ont été publiés en même temps. Les deux groupes font du rock psychédélique mais le premier s’exprime au soleil et le deuxième à la lune. La presse a souvent comparé les deux groupes mais Django Django a semblé enthousiaste quand je leur ai mentionné la sortie imminente de leurs homologues australiens. “On adore Tame Impala. Pourquoi ne pas faire une reprise ou même les remixer?” Une collaboration qui pourrait engendrer une éclipse en climax.
Les autres groupes contemporains de la même famille de Django Django sont Hot Chip et Arcade Fire. Le premier a sorti cette année son titre Huarache Lights, à l’ombre de First Light le premier single de Born Under Saturne. Le deuxième a pondu le tube Reflektor, grand frère du deuxième single Reflections. Django Django arrive à nous faire danser autant qu’avec Hot Chip et il fédère autant que les canadiens de feu. Même si on les compare aux groupes indies contemporains, les inspirations de Django Django vont vers le passé. Ils évoquent le rock des années 70 et citent même Johnny Hallyday. Le claviériste Tommy Grace nous parle de Zamrock, un style musical né en Zambie, une fusion du rock psyché de Jimi Hendrix avec le funk de James Brown avec le groupe Amanaz comme principal ambassadeur.
Après l’interview, nous sommes allés prendre un verre chez le disquaire Walrus, Rue de Dunkerque. Ils ont été plus attirés par les vinyles de Serge Gainsbourg que par les nouvelles sorties. Quand je leur demande ce qu’ils ont aimé les dix dernières années, ils hésitent longuement et répondent vaguement que le dernier Polar Bear est cool. Ils préfèrent partir à la ruée vers l’or musical dans les vieilles mines. “Il y a tellement de musiques des trente, quarante dernières années à découvrir.”. En tout cas, les gars ne croient pas aux guilty pleasures : “Les gens doivent écouter ce qu’ils veulent écouter. Si tu kiffes le dernier Rihanna ou Brothers In Arms des Dire Straits, profite! Mais un titre aussi génial que Toto Africa, qui a été matraqué un milliard de fois, peut se transformer en guilty pleasure.”
La dernière fois que j’ai vu Django Django lors du festival We Love Green, ils ont joué en prime time sur la grande scène devant une masse compacte de gens. Le soleil se couchait, la lune était brillante. La boucle est bouclée.
Texte: Fadhel Azouzi Photographe: Fiona Garden
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