Le bio, l’écolo, le durable et l’environnement tiennent en ce moment le haut du pavé médiatique. La mode n’y échappe pas et l’on voit fleurir, à l’aune d’une demande croissante, des marques au concept plus ou moins abouti, souvent marketé. Rares celles au delà de tout soupçon, quasi inexistants les créateurs offrant des collections véritablement pointues, où l’usage de matières naturelles relève d’un concept intime plus que de l’opportunisme.
Le duo de créateurs Kaito Hori et Iku Furudate fait en cela figure d’exemple. Car avec Commuun, maison qu’ils fondent en 2005, la symbiose entre mode et biologique trouve son expression la plus parfaite.
Et pour cause: leur approche des matières tire son origine de leur culture, et non dans la volonté de s’inscrire dans l’air du temps. Ainsi les choix de coton, soie, papiers craquelés et autres toiles organiques, sont le résultat d’une vision shintoïste, voire néo-platonicienne : ils créent des vêtements comme on peint une estampe, imaginent les lignes comme on compose un haïku, dans un souci permanent d’alchimie entre esthétique et minimalisme animiste.
Pourtant, loin des clichés buccolico-nippons, la force de Commuun, réside avant tout dans la modernité de son vestiaire. Formés en Europe, Kaito et Iku puisent dans la culture extrême orientale autant que dans la mode occidentale. Du coup, les collections proposées par le duo japonais s’inscrivent dans une approche résolument moderne, voire avant-garde. Silhouettes épurées, volumes architecturés, drapés au scalpel, les looks sont déclinés dans un palette de tons neutres, mâtinée de touches shocking, sur des robes, tops et pantalons aux matières épurées, subtilement agencées et triées sur le volet.
Evoquant tantôt Balenciaga pour le travail sur les volumes, tantôt Jil Sander pour les subtils jeux de transparences fragiles et de légèreté gracile, la collection printemps été 2008 de Commuun, signe la naissance d’un couple d’artistes au devenir radieux. D’autant qu’avec le prix LVMH et Longchamp de l’ANDAM en poche, un défilé Hiver 08-09 d’une sobriété classieuse, tout semble sourire à ceux pour qui l’écologie est une évidence, la mode un sacerdoce.
Gageons que le modèle Commuun qui, osons le jeu de mots, n’a rien de commun, saura ouvrir la voie à une mode qui fait du bio sans sacrifier au beau.
Texte : Karim Zehouane
Illustration : Lea Rowena
EXTRAIT DEDICATE 16 – Printemps 2008