La jeune danoise n’avait jamais tourné auparavant, et au hasard d’une rencontre de nuit avec le réalisateur français Gaspar Noé, la voilà propulsée sur le tapis rouge de Cannes pour présenter le dernier film du sulfureux cinéaste : Love. Entretien.
Comment avez-vous décroché le rôle de Omi dans le film Love de Gaspar Noé. Avez-vous passé un casting?
Non, en réalité, Gaspar m’a demandé mon numéro de téléphone un soir dans un club où je faisais la fête. Il m’a dit qu’il était le réalisateur de Enter The Void, que j’avais vu. Sur le moment je n’y ai pas vraiment prêté attention. Cela arrive fréquemment : on vous aborde pour vous proposer quelque chose, et au bout du compte il ne se passe rien, on vous fait juste perdre votre temps. J’avais donc oublié que je lui avais donné mon numéro, et j’ai été surprise de recevoir un message quelques jours plus tard pour me proposer qu’on se rencontre pour parler de son prochain film. Après hésitation, je lui ai répondu que je n’étais pas actrice. Il m’a alors dit qu’il ne travaillait jamais avec de vrais acteurs, et j’ai pensé “ok après tout pourquoi pas, ça ne coûte rien d’aller boire un café !”
Qu’avez-vous pensé lorsque vous avez lu le scénario ? Avez-vous hésité à accepter le rôle?
Lorsque nous nous sommes rencontrés, il m’a immédiatement tendu le scénario. Mais je dois avouer que j’avais du mal à me concentrer, à cause d’une sérieuse gueule de bois… Je sortais beaucoup à l’époque. Il m’a donc montré une photo un peu porno kitsch de trois bouches qui s’embrassent – celle-là même qui a servi pour l’affiche du film – et je dois dire que j’ai été assez choquée. Mais en discutant avec lui, j’ai compris que le sujet de ce projet était l’amour. Malgré tout, lorsqu’il m’a officiellement proposé le rôle, j’ai vraiment hésité. Je n’avais jamais imaginé tourner dans un film, en particulier dans un film de ce genre, et j’ai passé plusieurs jours à peser le pour et le contre.
Robe Veronique Leroy.
Connaissiez-vous déjà le travail de Gaspar Noé lorsque vous avez commencé à travailler sur le projet?
Oui, car mon ex petit-ami m’avait montré Irreversible, quelques années auparavant. Je devais avoir 19 ans à l’époque. J’avais trouvé cela bien trop extrême, mais en même temps, j’avais apprécié le fait que le film dépasse les limites communément établies au cinéma. Je dois dire que j’ai gardé les yeux fermés pendant presque toute la fameuse scène du viol. Trop dur pour moi… C’est si proche de la réalité, et je suis quelqu’un d’extrêmement sensible. Mais mon ex a insisté pour que je regarde le film jusqu’au bout, et j’ai tout de même apprécié ce qui s’en dégageait.
Personnellement, quel cinéma aimez-vous ?
Je ne suis pas particulièrement cinéphile. Mais je me souviens que mes parents avaient le DVD de A Night On Earth dans leur collection, et que j’ai trouvé ce film si bon que j’ai regardé tous les films de Jim Jarmusch. Plus tard j’ai vu Drive (de Nicolas Winding Refn, ndlr), et j’ai été transportée ! Ce film est tellement cool ! J’adore les couleurs, et bien évidemment la musique. Mon petit ami vient de me faire découvrir La Grande Bellezza, de Paolo Sorrentino, qui demande un peu de concentration, mais qui est un film magnifique, avec des personnages très drôles.
Robe Balenciaga, bustier Martin Margiela, Chaussons Céline.
Robe Veronique Leroy, chaussons Céline.
C’était votre première expérience au cinéma, et ce n’était pas un rôle facile. Où avez-vous puisé la matière pour composer le rôle d’Omi ? Cette expérience vous a-t-elle fait changer ?
Je suis quelqu’un d’extrêmement connectée à mes émotions. Cela m’a beaucoup servi. Et puis j’étais vraiment enthousiaste pour le projet. J’ai étudié la philosophie, et je me suis servie de mes connaissances sur la notion d’amour pour nourrir mon jeu. Et pour finir, j’ai découvert que j’aimais vraiment jouer. J’ai trouvé cela très naturel. Je n’ai pas l’impression d’avoir changé, mais je suis indiscutablement sortie plus riche de cette expérience. Maintenant, j’attends la suite ! Mon nom commence à circuler dans le milieu du cinéma, on se demande qui je suis. Mais pour le moment, je prends une chose à la fois, et je bosse dans un hammam de luxe au Maroc !
Robe Loewe.
Robe Stella McCartney.
Robe Balenciaga, bustier Martin Margiela.
Combi pantalon & chaussons Céline.
Interview: Caroline Langlois, Photographie: Pascal Gambarte, Réalisation Omaima Salem, Assistée de Anna Tarissan. Make up l’Oréal Paris.
Archives DEDICATE 33, Printemps/Été 2015.