En 2009, nous avions eu la chance de rencontrer Azzedine Alaïa, un moment magique, de ceux qui nous font penser qu’il ne nous quittera jamais et pourtant… Vos créations restent mais votre humour, votre humanité, tout ce que vous étiez nous manqueront.
Drôle d’homme ce Monsieur Alaïa. On dit qu’un homme qui veut séduire une femme doit avoir de l’humour. Serait-ce donc là son autre secret, lui qui entraîne à sa suite ses “filles” comme il les appelle, auxquelles des clientes fidèles depuis longtemps, emboîtent le pas sans hésiter.
Lutin mutin désarmant de gentillesse et de convivialité, il parle beaucoup en se livrant si peu. Au détour d’une conversation, il conte ses anecdotes sans pareille et, dans de multiples éclats de rires, il nous fait tournoyer, et croire l’approcher un peu plus près. Mais nous n’avons certainement pas la formule pour faire sortir le genie de cette réserve, qui depuis plus de 30 ans fait son succès teint de mystère. Une certitude pourtant : on voudrait être de ses proches, ceux-là même à qui il livre très certainement beaucoup, si ce n’est tout, c’est-à-dire son estime, son temps… son amitié. Monsieur Alaïa est un poème, qui se rime en vers joyeux, ludiques et libres, mais ciselés à l’image de ces sculptures textiles qui firent son renom.
Interrogés sur la relation entre mode et design, deux des passions d’Azzedine Alaïa, les frères Campana soulignaient la proximité de ces disciplines dans leur rapport au corps. Quand l’une l’habille, l’autre le reçoit. Il semblerait que son talent tienne aussi à ce que ses vêtements conjuguent les deux.
C’est dans cette cuisine désormais mythique, pour voir ses amis, du peintre Julian Schnabel au designer Marc Newson ou à ses mannequins Naomi ou Stéphanie, se mélanger au personnel de sa maison, qu’il nous accueille. Dans cette structure à son image, petite mais solide, en décalage total avec les maisons aux multiples licences propres à l’industrie de la mode, il nous raconte des moments d’une histoire dont les premiers succès se firent déjà grâce au bouche à oreille qui s’échangeait entre les élégantes d’alors… sur les prouesses d’un jeune homme arrivé de Tunis.
Que représente pour vous ce lieu, la cuisine qui est un peu le coeur de la maison, où vous recevez journalistes, amis…
C’est un lieu de travail, d’habitation … Quand je suis dans un endroit, je l’occupe. Historiquement au 18ème siècle, c’était un hôtel particulier que le père de Madame de Pompadour louait à l’évêque de Beauvais. Quand j’étais à l’école des beaux-arts à Tunis, en section sculpture, je me rappelle avoir choisi la Pompadour. J’aimais beaucoup son histoire.
Où vous situez-vous sur l’échiquier de la mode ? Faîtes-vous du prêt-à-porter couture, de la Haute Couture alternative…
Le prêt-à-porter a beaucoup évolué. Il y a peu de différence entre le prêt-à-porter et la couture. On fait du prêt-à-porter de luxe et, en même temps, de la haute couture pour les clientes privées.
Pensez-vous que la Haute Couture appartienne encore à notre siècle ?
C’est l’avenir qui nous le dira, mais je pense que ça restera parce que c’est un travail qui est particulier. Les femmes achètent aujourd’hui en prêt-à-porter les robes du jour qu’elles se faisaient faire avant sur mesure. Mais il reste le luxe, quand les gens se marient, pour les grandes soirées …
Votre prêt-à-porter utilise la même technique que celle de la couture…
Oui, tous les vêtements sont faits ici au départ, les patrons, les prototypes… et après, on donne à faire. Mais vraiment, je ne vois pas la différence pour un manteau entre la couture et le prêt-à-porter…chez moi. Parce qu’on est exigeant et que les ouvrières et façonniers sont bons.
Pourquoi ce choix de défiler en retrait ?
Parce que je trouve que c’est beaucoup plus facile pour les professionnels. Dans les grands défilés la moitié des vêtements ne sont pas fabriqués. Ici, le client peut demander à revoir le vêtement. Et les journalistes viennent quand ils veulent et voient le travail, ce n’est pas du spectacle.
La manière dont vous présentez est un peu sur le même principe que sur les défilés de couture d’alors…
Oui, d’ailleurs, beaucoup de maisons reprennent ce genre de défilés. Parce qu’aller faire un grand défilé au Grand Palais, je trouve que c’est vraiment inutile, c’est une bêtise monumentale même. L’espace est grand, il faut faire une installation spéciale pour remplir la salle et avec ça, ce n’est pas une réussite parce que l’architecture de la salle est tellement importante que ça écrase tout. C’est de l’argent jeté par la fenêtre.
Quelle est la femme qui vous inspire aujourd’hui ?
On fait un travail qui doit aller à toutes les femmes. Regardez Mme Obama, je ne l’ai jamais rencontrée, elle n’a jamais acheté chez moi directement mais elle porte très bien mes vêtements et tout le monde veut ce qu’elle a porté. Il y a des
gens comme ça qui sont meneurs dans la mode.
Mais Naomi Campbell est quand même celle qui vous a donné l’envie de créer des chaussures inspirées de…
Son derrière, oui. En vérité, il n’y a pas qu’elle. Elle a commencé à 14 ans chez moi. Elle est restée longtemps ici, mais il y a aussi Stéphanie Seymour, Veronica Webb, Tatyana, Linda Spierries qui apportaient vraiment quelque chose au travail. Je suis resté en contact avec toutes les filles, elles sont devenues des amies.
Vous êtes connu pour avoir utilisé de nouvelles matières et fait entrer le body dans la garde-robe féminine. Quelle est son histoire ?
Quand j’ai connu Arletty, elle n’était pas jeune, mais je trouvais que c’était une des femmes qui avaient le plus de chic tout en restant simple. Elle portait des body de Repetto avec des jeans blancs… Les robes zippées, c’est le film Hôtel du nord. Je suis devenu très ami avec elle jusqu’à sa mort et c’était une femme vraiment inspirante, par rapport à son esprit, sa liberté. Elle représente la femme française, avec l’intelligence, le style, la voix typiquement parisienne, qui résonne Paris. D’ailleurs, Paris, c’est une voix de femme.
Lorsqu’on évoque quelque part la Parisienne, il est impensable de ne pas vous citer.En fait, c’est elle qui vous inspire…
Absolument. Cet esprit de femme française et parisienne en même temps. Parce qu’elle peut se trouver en province, mais à Paris, il y a un piquant qui est différent. C’est normal, dans toutes les capitales il y a quelque chose qu’il n’y pas en province même si on y trouve aussi d’autres choses intéressantes… Lacroix a les arlésiennes !
Que pensez-vous d’ailleurs de ce qui arrive à sa maison ?
Je l’aime beaucoup. Je suis triste pour lui. J’espère qu’il va reprendre, il ne faut jamais se désespérer. Mais avec les crises et le monde de la mode qui est devenu business…
Vous avez réussi en restant une petite structure à demeurer pérenne et vous éloignerde tout cela justement…
Parce que j’ai évité certaines choses qui peuvent basculer dans des complications !
Comme si vous aviez senti l’air du temps avant tout le monde…
Ah non, c’est vraiment personnel.
Les souliers semblent remplacer pour vous les bijoux si l’on regarde la manière dont ils sont mis en scène dans la boutique rue de Moussy…
Oui, c’est un accessoire comme un bijou, les ceintures aussi. Et maintenant on vend plus de ceintures qu’avant, il y a même des ceintures qu’on reprend et qui de plus sont copiées partout. Cette saison, c’est beaucoup! C’est vrai, parmoment, ça fout le cafard. (rires)
Votre amour des ceintures est là depuis le tout début. Qu’y a-t-il autour de la taille qui vous plaît tant?
Avec les ceintures-corset, on se tient droite, on est obligée, on ne s’avachit pas. Ça souligne la taille, ça donne une attitude de femme forte.
Et en même temps, c’est cruel parce que les femmes ont jeté un jour leur corset…
Pas du tout, car ça leur donne de la force contre les hommes, c’est une attaque (rires), doublée de séduction. Et puis, ils ne sont pas faits comme les corsets d’avant qui étaient une torture et cassaient la taille.
Considérez la mode comme un art ou êtes-vous un artisan ?
Il y a des chefs-d’oeuvre en mode. Prenez une robe de Vionnet, il y a une invention, une technique, c’est fait à la main comme une sculpture mais il y a une différence entre l’art et… L’art de la couture est important… on le porte, on vit avec, on peut séduire… un tableau, on l’achète, on le paye cher, il est chez soi accroché au mur, et puis…(rires) Mais, si on est mal foutue et qu’on n’a pas une belle robe, c’est foutu ! On a un tableau au mur, on sort, on ne séduit pas, alors il y a un choix à faire. ( rires) Je prends les deux.
Vous avez fait une collection homme en 1987 dont la campagne avait été shootée par Bruce Weber. Pourquoi ne pas avoir continué ?
Les hommes quand ils sont habillés mode, je n’aime pas du tout. Alors j’évite ce dégât car je suis branché sur les femmes. Dernièrement, Marc Newson m’a demandé de lui faire un costume. Je me suis mis à son service et je le lui ai fait. J’aime bien les hommes quand ils sont habillés avec leur style, leur pensée propre.
D’où votre uniforme ?
J’ai la même veste et le même pantalon, j’en ai plus de 300 maintenant. J’ai commencé à les acheter quand j’étais à l’école des beaux-arts à 15 ans. Dans toute ma vie, je crois que j’ai eu deux costumes, un manteau, et trois cravates qu’Yves Saint Laurent m’avait offertes et que je n’ai jamais mises. C’était en 1970 (rires). Ça me fait rire aujourd’hui quand je les vois, elles sont là toujours emballées. J’étais comme un petit Al Capone raté. (rires) Avec ce costume, je
m’oublie je peux aller n’importe où…et ça me va. Je suis allé à Shanghai et j’en commandés, ils prennent les mesures, et ça s’appelle “fait sur mesure”, moi, je l’appelle costume “fait en prenant les mesures”. (rires)
Votre rapport à l’art et au design est très présent. D’ailleurs dans votre galerie, vous avez présenté très peu de mode en comparaison du reste…
Oui, deux fois: Paul Poiret et Schiaparelli. Je connaissais l’experte qui s’occupait de la vente Paul Poiret et j’ai trouvé triste que cette garde robe qui avait appartenu à Denise Poiret soit dispersée sans que les gens voient le travail de cet homme.
Vous qui êtes collectionneur, vous avez acheté des pièces ?
Oui, parce que je crée une fondation. Et je vais commencer bientôt à faire des expositions de certains couturiers.
Il y aura un fond contenant votre travail depuis trente ans. Sera-t-il permanent ?
On ne peut pas avoir de fonds permanent, pour ne pas abîmer les vêtements. Il y aura des expositions qui pourront voyager dans les musées, à Milan aussi chez Carla Sozzani, comme pour le World Press, Paulin ou Kuramata qui était une grande exposition qu’elle a faite là-bas, puis nous ici.
Que trouvez-vous dans le design que vous ne trouvez pas dans la mode ?
Premièrement, j’ai de l’admiration pour les artistes – en particulier trois designers, Marc Newson, Martin Szekely, les frères Bourellec – et la hollandaise Hella Jongerius dont le travail est complètement différent. Il y a aussi Prouvé, et dans les anciens des années 30, Pierre Legrain.
C’est pour assouvir cette passion que vous avez créé l’hôtel ?
A l’hôtel, il n’y a pas les pièces les plus importantes. Il y a Paulin, des tables de Jean Nouvel, des lampes de Mouille… J’avais cet immeuble, qui n’est pas grand, et j’ai décidé de faire des suites. Plutôt qu’un hôtel, c’est une résidence. Et tout le temps, j’ai des amis, la famille. En ce moment, il y a une de mes clientes qui d’habitude va au Ritz, et maintenant vient ici.
Vous pensez que c’est aussi pour le plaisir de déjeuner avec vous que les gens viennent?
C’est toujours un plaisir d’avoir une maison ouverte. Chez ma grand-mère, la porte de la maison n’était jamais fermée à clef. A table, il y a toujours une assiette pour celui qui arrive. Même quand je n’avais qu’une seule ouvrière, on mangeait ensemble et si quelqu’un venait, il mangeait avec nous.
Quel est votre rapport à l’Afrique et plus largement à l’art ?
J’ai beaucoup d’art africain. J’aime beaucoup la sculpture et les objets d’Afrique noire. C’est une passion, j’aime l’esthétisme de cet art qui a eu une grande influence dans l’histoire de l’art. Je ne fais pas de photo ni de design. Même si j’ai une bonne idée, je m’en empêche parce que je sais que je connais quelqu’un qui faitmieux quemoi. Tous
les matins, je me répète “Évite les dégâts Azzedine”, fais ce que tu sais faire. (rires)
On trouve peu de livres écrits sur vous et l’un des rares est dirigé par vous et preface par Michel Tournier. Est-ce une volonté de contrôle, de maîtrise du regard qu’on aura sur votre oeuvre ?
Non, mais quand tu es mort chacun fait ce qu’il veut. Il y a tellement de couturiers importants, comme Jacques Grieff, et il n’y a même pas une exposition sur eux. C’est triste. J’ai eu droit à trois expositions importantes, dont une en Hollande et une au Guggenheim de Soho. Donc je m’estime heureux d’avoir eu ça. C’est en plus une reconnaissance de gens qui ne sont pas de la mode.
Vous voyagez ?
Peu. Je voyage sur la chaise. J’ai la télé, je regarde les émissions voyage, histoire, national géographic, les animaux … (rires)
Et vous écoutez de la musique sur internet…
Oui, parce que je sais qui je veux écouter : Oum Khaltoum tout le temps, et là en ce moment, je suis branché Shakira. (rires) Chaque nouvelle collection, je la mets et je dis à tout le monde, allez 5 minutes, on danse. Je ne me prends pas au sérieux du tout.
De quoi vous sentez-vous particulièrement fier aujourd’hui ?
Je suis fier d’avoir dans ma vie réussi à avoir des amis, des vrais. Le reste pas encore.
Vous répétez souvent que vous allez chez H&M acheter des vêtements pour vos nièces. Un jour vous pourriez faire une collection pour H&M? C’est quelque chose qui vous amuserait ?
On ne sait jamais dans la vie. Il y a des choses comme ça qui m’amusent vraiment. Quand j’ai fait Tati, c’était une bonne expérience. A l’époque, j’ai trouvé que c’ était nécessaire de le faire. Ça s’adressait à des gens qui n’ont pas les moyens d’acheter un collant chez moi. Un sac qui chez moi coûte une fortune, chez Tati, c’était rien du tout.
Quel est votre rapport au temps qui passe ?
Le temps, je n’y pense même pas. Je vis le moment. Tous les matins, je suis curieux de ce que je vais rencontrer et faire. Je ne pense ni à l’âge – ce n’est pas pour le cacher, je ne veux même pas le savoir – ni à l’heure. Il y a des choses que j’ai effacées, mais pas mes souvenirs.
Vous avez connu Louise de Vilmorin, une personne qui vous était chère. Quelle est la plus belle phrase qu’elle vous ait dite ?
J’ai beaucoup de souvenirs avec elle. On voyageait ensemble. Elle venait tous les jours presque rue de Bellechasse. Et quand Malraux est entré dans sa vie, elle venait à la maison, lui envoyait des lettres par son chauffeur et il lui répondait. Et c’était des moments… pour moi, c’était le quotidien, mais avec le recul, je me rends compte que j’ai vu plein de femmes intéressantes et je souhaite à tous les jeunes d’avoir des rencontres, des souvenirs dans leur vie.
Quel est votre plus beau souvenir ?
Il y a eu plusieurs moments fantastiques, des rencontres, des moments inattendus, des voyages. Je n’ai pas beaucoup de mauvais souvenirs car je suis, de nature, positif. J’ai eu des bons moments même dans ma chambre de bonne, des moments de bonheur que je ne peux pas avoir aujourd’hui avec des moyens. Je n’avais pas le rond, c’était une telle liberté. Il n’y a pas longtemps, je me suis retrouvé à la porte de chez moi. Il y a 5 portes pour entrer et je n’avais aucune clé. J’ai décidé de prendre un taxi pour faire un tour en attendant, parce qu’il faisait froid. Je suis monté dans un taxi et j’ai lancé : Boulogne Billancourt ! C’est un souvenir de quand je débutais, j’avais fait les costumes pour un film de Marcel Carné avec Dany Saval. La phrase est sortie, ça faisait des années que je n’avais pas pensé à ces studios de cinéma. Au retour, je suis descendu aux Champs-Elysées et j’ai marché le long de la Seine. J’ai eu un moment de bonheur. Je me suis rappelé quand j’habitais rue des marronniers dans le 16ème, je n’avais pas d’argent et après le dernier métro, je marchais le long de la Seine.
Vous avez l’air d’être très fidèle en amitié, dans le travail…
Je mets tout le monde au même niveau, de la fille qui fait le ménage à la directrice de la maison. C’est pour ça que tout le monde mange ensemble, les gens qui travaillent avec moi c’est comme ma famille. Ils arrivent le matin, ils travaillent toute la journée, quel est le temps qu’il leur reste avec leur famille et leurs enfants? Ils vivent plus de temps avec moi que chez eux.
Vous êtes connu pour être un bourreau de travail. Êtes-vous parti en vacances ?
Pour la première fois depuis des années, je me suis absenté une semaine. Je suis parti trois jours à Venise pour la biennale, puis en Tunisie pour m’occuper de mon neveu, voir la famille. Il y a une dizaine d’années, je suis allé au Kenya, chez les Massaï, quinze jours, avec Peter Beard, pour faire des photos pour le journal Elle. Peter Beard parle le dialecte, on voyageait avec une française dont la mère s’était mariée avec un chef Massaï et qui avait été élevée avec son demi-frère Massaï. Avec elle, le contact se faisait tout de suite bien. Ce n’était pas un voyage touristique, c’était un beau voyage. Je me suis fait piquer par une araignée et j’ai failli avoir la jambe coupée. Les 2 derniers jours, j’avais un bâton pour pouvoir marcher mais je ne voulais pas rater ce voyage. Je n’ai jamais été déçu quand j’ai voyagé. Je vis comme les gens du pays, je ne commence pas à mettre mes règles. Je goûte tout et même si je n’aime pas je dis que c’est bon parce que c’est la première fois que j’expérimente, donc je ne connais pas encore. Après, on apprend et on découvre des choses intéressantes! J’aime voyager, je ne le fais pas beaucoup parce que je n’ai pas le temps, mais quand je pars, je peux ne pas rentrer.
Interview : Flora Zoutu
Photographie Lieu : Eddie Monsoon
Série: Photographie Johan Sandberg ℅ Artlist, assisté de Lara Giliberto, Stylisme Yoko Miyake ℅ Artlist, assistée de Farrah Hammadou, Coiffure Nicolas Eldin ℅ Artlist, Maquillage_ Houda Remita ℅ Artlist, Mannequin Kinee Diouf ℅ Viva. Remerciements à Adlie ℅ Viva, et au studio Le petit oiseau va sortir.
EXTRAIT DEDICATE 21 – Automne 2009