Certains lieux n’ont pas besoin de séduire, mais simplement d’exister. Des lieux qui ne crient pas leur luxe mais l’infusent, lentement, dans chaque détail, chaque lumière, chaque silence. La Zambra est de ceux-là. Nichée dans les collines de Mijas, quelque part entre l’effervescence dorée de Marbella et les ruelles vibrantes de Málaga, l’adresse semble avoir été posée là, non pas pour briller, mais pour faire respirer.
On y arrive un peu par hasard, ou du moins c’est ce qu’on aime croire. On suit une route sinueuse bordée d’oliviers, on se laisse surprendre par le calme, et soudain, La Zambra apparaît, blanche, élégante, comme une hacienda andalouse sortie d’un rêve d’architecte méditerranéen. Rien d’ostentatoire, mais un luxe profondément naturellement enraciné dans la terre. Des murs chaulés, des fontaines oubliées, des patios où le soleil joue à cache-cache avec l’ombre… L’Andalousie y est partout, mais redessinée avec la justesse d’un trait contemporain. Là, on parle d’une maison qui connaît son histoire, et qui l’a réécrite sans jamais la trahir. Ancien hôtel mythique des années insouciantes, La Zambra a conservé l’âme de son passé flamboyant tout en s’offrant une renaissance subtile. Pas de superflu, juste l’essentiel.
À l’intérieur, chaque chambre est une parenthèse. Le vrai luxe ici, c’est bel et bien l’espace. L’air. Et cette sensation rare qu’aucun détail ne cherche à impressionner, mais simplement à apaiser. On est loin de l’exubérance des hôtels de bord de mer… La Zambra joue une partition plus distinguée, celle de la lenteur, de l’équilibre, du « presque rien » parfaitement exécuté.
Partout, la nature s’invite sans fracas : dans les cours intérieures, sur les terrasses ouvertes vers les montagnes de Mijas, dans les matériaux locaux choisis avec attention, ou encore dans l’approche écologique presque militante de l’hôtel. Zéro plastique. Une énergie recyclée avec une précision d’horloger.
La cuisine, elle, c’est une vraie déclaration d’amour au terroir. Du local, du frais, du sincère, rien d’artificiel ! Juste des produits qui ne trichent ni avec les saisons ni avec la distance. Ici, on mange comme on vit : authentique, lumineux, parfois même les doigts dans l’assiette, comme au Picador, où les tapas, réinventées avec une bonne dose de panache, se dégustent entre deux verres de vin de la région.
Et les cocktails ne sont pas en reste : tantôt sérieux, tantôt décalés, ils se dégustent sur la terrasse de Bamboleo, face à un coucher de soleil qui ne se rate pas. À l’intérieur, l’ambiance et l’esthétique sont discrètement rétro et évoque les années 80 sans en faire trop, de quoi donner au lieu une personnalité singulière.
Puis, sans transition mais tout en continuité, il y a le spa. Un univers où le rythme ralentit, où l’on s’abandonne. Un sanctuaire pensé comme un soin à part entière. On y entre : chaque coin devient un besoin, un souffle. Hammam, sauna, bassin intérieur trempé de lumière, et même un patio pour s’abandonner au soleil en peignoir, les cheveux encore humides. Ici, on ne cherche pas à être une meilleure version de soi-même, on se contente d’exister. Et cela suffit. Et si l’envie de mouvement nous prend, un studio baigné de clarté accueille cours de yoga et pilates, tandis que les amateurs de vitalité trouveront leur bonheur sur les terrains de tennis ou de Padel.
C’est cette philosophie qui imprègne chaque recoin de La Zambra : on y arrive, et tout de suite, on s’y sent chez soi, comme si l’endroit avait été fait pour nous. Aucun stress, aucune prétention. Juste un espace qui nous invite à lâcher prise et à être présents, pleinement. On se débarrasse des artifices et on se réinvente autrement.
C’est alors que l’on se rend compte que certains lieux ne se racontent pas, on les vit. À La Zambra, on vient sans trop savoir pourquoi, et on repart en se promettant de ne pas trop en dire pour que l’endroit reste intact, un peu secret, un peu sacré.
La Zambra est le refuge pour les esthètes discrets, un hôtel comme un murmure, qui chuchote : « Et si vous restez encore un peu ? »
Alors on repart, mais à regret, parce qu’on sait qu’il n’y a aucune sensation comparable qui nous attend ailleurs.
Journaliste : Rania Harrath