Vierge ou imprimé, éditions collector ou séries, support à vocation multiples, souvenir de vacances ou même œuvre d’art – à l’instar d’Aaron Bondaroff, pape de la street culture new-yorkaise qui y apposa sa biographie*- : le T-shirt ne supporte ni règles, ni école et n’a de limites que l’imagination de son designer, ou encore les goûts de son propriétaire.
Véritable success story, l’histoire du T-shirt est celle d’une génération et d’un mode de consommation, s’émancipant de l’utile pour en faire le symbole d’une époque, l’étendard des temps modernes. Devenu prolongement des idéaux de tout un chacun, d’abord sous-vêtement popularisé par les gaillards de l’US Navy, c’est après la seconde guerre mondiale que James Dean et Marlon Brandon le placent au sommet de la « cool attitude made in USA ». Symbole de décontraction, de puissance et de liberté, sa popularité règne sur toutes générations et classes sociales confondues. À partir des années 70, les encres sérigraphiques et les technologies de transfert le font accéder au rang sacré de pièce « indémodable ». Consécration. L’homme moderne mute en homme-sandwich, vecteur de messages.
Les techniques d’impression se multiplient, sérigraphie, sublimation thermique, flocage et broderie donnent libre cours à sa personnalisation. Le rock le twiste à toutes les sauces et les technologies numériques illustrent son infini potentiel, à l’instar du clip de Justice réalisé par So-Me. Les matières, principalement du coton et du polyester, évoluent vers des fibres éthiques comme le coton bio. Sa composition même devient alors représentative d’un style, d’une philosophie et d’un art de vivre tout comme la façon de le porter : près du corps voire un peu trop court, en version XXL tombant jusqu’aux genoux ou encore superposés les uns sur les autres. Fascinés par l’objet, T-shirts addicts et collectionneurs cherchent la rareté là où certains essaieront de se fondre dans la masse à l’aide d’un basique. Aujourd’hui, chaque marque décline son univers sur le fameux T-shirt, seconde peau de celui qui le porte. Moins d’un siècle aura suffi pour affirmer sa suprématie…
* My life in T-shirt, Aaron Bondaroff, éd. And Press
Texte : Pauline Lévignat
EXTRAIT DEDICATE 23 – Été 2010