À dire vrai, il n’y a guère que la PAIX entre ces deux là. Sœur et frère sans fausse complicité, on ne saurait décimer SINGTANK d’un coup de bulldozer. Et puis on aime subir une Pop qui fait BOUM à chaque morceau produit avec brio par un duo en totale harmonie. Dépecez «In WONDER» d’une écoute attentive. Coupable ! Avouez…
D’un son fatal et voué au succès. «I don’t wanna die». Et pourtant, on ne saurait déplorer les nombreuses victimes qui y auront succombé. Car ces deux jeunes de mêmes gènes prometteurs, en feront, pour ne rien gâcher, sourire plus d’un.
SINGTANK en référence à «think tank», un réservoir d’idées. Comment avez-vous fait le tri sans déchirer la fratrie pour aboutir à ce premier album «In Wonder» ?
Joséphine : La question paraîtra surement bien plus poétique que la réponse. Nous communiquons beaucoup. Par exemple, «Singtank» le nom de notre groupe a été le sujet de longues conversations où nous recherchons toujours le juste milieu, le consensus. Ainsi nous ne déchirons pas la fratrie. Mais finalement, à dire vrai, nous regardons souvent dans la même direction et les heurts sont rares. Nous sommes plutôt d’accord.
Que fredonnez-vous ?
Joséphine : Principalement les musiques que j’écoute sur l’instant. En ce moment «Met before» de Chairlift qu’Alexandre m’a fait découvrir et «The Last Goodbye» de The Kills. Des chansons plutôt mélodieuses en général.
Alexandre : Je vais avoir tendance à être pris par les morceaux les plus «mainstream» comme les derniers de Katy Perry ou Rihanna qui vont me rester en tête coûte que coûte pendant 6 mois. Je suis assez perméable à ça, c’est terrible !
Scène rock anglo-saxonne pour l’un (Radiohead, Pixies, Bowie…), hip-hop et électro pour l’autre, avec de telles références aussi riches et complémentaires, comment définit-on SA propre musique?
Joséphine : Nous nous sommes pas mal retrouvés dans la pop et le rock des années 60 et 90, et nous avons toujours eu cette mécanique consistant à se faire découvrir à l’un et à l’autre nos trouvailles musicales. Mais ce que nous avons écouté n’a pas influencé directement notre musique ou du moins ce n’était pas conscient durant la composition de nos morceaux.
Inconsciemment, nous sommes toujours empreints des sons qui nous ont bercés, jusqu’à la musique française que nous écoutions petits à la maison. Des chanteurs comme Dutronc et d’autres.
Alexandre : C’est assez caractéristique des groupes d’aujourd’hui. À une époque, il fallait absolument se positionner par rapport à un genre de musique, rock, punk, etc… De nos jours, par l’accès généralisé à toutes les musiques, la plupart des gens ont des goûts assez éclectiques. Nous ne cherchons pas à traduire l’un de ces goûts mais simplement à faire la musique que l’on aime, et c’est obligatoirement par des références aux sons que nous-mêmes nous aimons qu’elle va finalement se transmettre.
Joséphine : Dans notre cas, je n’ai pas le sentiment que nous soyons réellement influencés même si inconsciemment tout existait déjà dans un coin de notre tête.
Vous n’avez donc jamais cherché à classer votre musique dans une genre particulier?
Non, c’est davantage une demande qui vient de l’extérieur, lors d’interviews, etc… Un souci de répondre aux questions. Mais on ne peut donner qu’une liste non exhaustive de nos références afin d’évoquer notre univers musical. En matière de genre, il s’agit de Pop, ce qui est très vaste.
C’est qui le KING of the POP ?
Joséphine: Toujours Michael.
Alexandre : Indéniablement Elvis.
Joséphine : Mais nous avons fait une reprise d’Elvis Presley, «Suspicious Minds» donc on commence à trouver un compromis.
Alexandre : Elvis gagne du terrain et une reprise de Michael c’est un peu difficile.
SINGTANK, le frère et la soœur, comment s’établit la répartition des tâches ?
Alexandre : J’écris la musique et Joséphine écrit les paroles. En règle générale, nous commençons par une idée de texte ou de musique puis nous travaillons ensemble aux arrangements afin que la musique et le texte fonctionnent bien ensemble. Le plus souvent je pose la base mélodique d’un morceau avec quelques mots et de vagues idées que Joséphine va approfondir. Puis nous allons ensemble définir les arrangements, enrichir et façonner la composition.
Êtes-vous tous deux musiciens ?
Joséphine : Nous sommes tous les deux musiciens mais Alexandre est bien plus doué que moi dans ce domaine. J’ai quand même une oreille musicale mais de là à faire de grandes compositions !
Nous travaillons les arrangements ensemble et prenons des décisions de productions collectives.
Donc très complémentaires ?
Joséphine : Tout à fait ! (Sourire)
Alexandre : Comme un puzzle ! Bon, j’avoue c’est un puzzle extrêmement facile parce qu’avec uniquement deux pièces… (Rires).
On ne peut s’empêcher la référence aux White Stripes, qu’en pensez-vous ?
Joséphine :C’est très flatteur même si sans fausse modestie on ne souffre pas la comparaison. Et puis musicalement, il n’y a pas de réelles similitudes, c’est plus une histoire de «duo» à la différence près qu’on ne se roule pas de pelles ! Nous sommes vraiment frère et sœur.
Alexandre : C’est un groupe qu’on adore mais effectivement leur musique est assez différente, minimale. C’est d’ailleurs le génie des White Stripes ! Arriver avec une guitare et une batterie et faire des compositions hallucinantes qui peuvent faire danser tout un stade. Malheureusement nous n’avons pas ce talent, nous sommes obligés de mettre des tonnes de nappes de sons pour aboutir à quelque chose de correct. Nos productions sont un peu plus complexes. (Rires).
Trouvez-vous la comparaison avec Angus & Julia Stones un groupe de frère et sœur, réductrice ?
Alexandre : Notre musique est très différente même si j’aime ce qu’ils font mais c’est bien plus folk, avec davantage d’harmonies vocales. Maintenant l’image «frère-sœur» comme une image motrice, pourquoi pas puisque c’est comme ça qu’on travaille.
Joséphine : De toutes les façons, nous n’avons pas trop le choix ! (Rires) La seule chose à laquelle nous devons faire attention c’est que cette image est naturellement mignonnette, donc gare à ne pas tomber dans le cul-cul. À priori avec notre musique, pas de risque.
Un rituel dans le groupe ?
Alexandre : La nausée. (Rires). Et le silence total !
Joséphine : C’est là qu’on sent les liens du sang, la ressemblance de famille est ici incontestable ! Nous sommes aussi pétrifiés l’un que l’autre et légèrement névrosés. (Rires)
Comment retranscrit-on un premier album sur scène?
Alexandre : C’est un tout autre exercice. De concerts en concerts, on modifie, on peaufine en retravaillant les arrangements. On adapte la musique, c’est un peu comme une réécriture.
Joséphine : Du coup les gens ont tendance à dire que c’est plus rock en «live» que sur l’album. Il y a moins de production et on a ajouté des instruments.
Alexandre : Ça se joue un peu plus à l’énergie qu’à la précision des arrangements, sans quoi nous serions figés derrière nos instruments. C’est aussi très agréable et ça apporte une certaine liberté.
Avec quels artistes aimeriez-vous travailler?
Joséphine : NAS.
Alexandre : J’aimerais collaborer avec un grand producteur de HIP HOP, Kanye West, NAS sans problème, quand ils veulent ! (Rires)
Joséphine : On peut ajouter notre contact à la fin de l’interview ? (Rires)
Joséphine, actrice, mannequin, chanteuse, Alexandre, acteur, photographe… Beaucoup de cordes à vos arcs, comment parvient-on à cibler juste ?
Joséphine : j’ai réellement deux professions, celle d’actrice et de chanteuse/musicienne. Elles ne se croisent pas tellement. En ce moment je suis focalisée sur SINGTANK, la sortie de notre album, puis viendra le temps d’un tournage. Ces deux disciplines étant totalement séparées, je n’ai pas vraiment le sentiment de me disperser. Et puis il y a quand même beaucoup de jours dans une année. Lorsqu’on fait des métiers artistiques, bien que nos agendas soient particulièrement chargés en ce moment, il reste des temps morts à consacrer à d’autres disciplines.
Alexandre : C’est important de toucher à d’autres choses pour se laver la tête et du coup avoir un regard plus frais sur ce qu’on fait. Sur SINGTANK par exemple, ne pas être constamment dans l’obsession de la nouvelle chanson, du nouvel arrangement, du prochain concert, etc…
Joséphine : Aujourd’hui où tous les médias se confondent, c’est un plus d’être pluridisciplinaire. Le visuel est partie prenante également dans un groupe. Faire de la photo ou travailler sur des films nous permet de nous intéresser et de nous amuser aussi de ce point de vue. Alexandre a ainsi eu l’idée de notre clip. C’est porteur au niveau de la créativité plus que ça ne nous freine.
Donc en tant que groupe, quelle importance accordez-vous à l’image ? (La vôtre, celle de la pochette de votre album, etc…)
Joséphine : Beaucoup ! D’abord parce que c’est amusant de le faire, puis parce que la photo que l’on va choisir pour la pochette, l’univers que l’on va définir ou le stylisme vont permettre d’identifier le groupe.
Alexandre : Nous avons tellement de mal à répondre à la question des influences du groupe, que l’on préfère se concentrer sur un visuel très fort.
Et comment définiriez-vous votre univers visuel ?
Joséphine : Il y a un côté assez pop avec un sens de l’imaginaire très fort et beaucoup d’ironie. On ne se prend pas trop au sérieux. Ces trois éléments sont fondamentaux dans notre visuel. On peut trouver beaucoup d’adjectifs qualificatifs pour définir cet univers mais l’essentiel est ici, la pop, l’humour et l’imaginaire. D’ailleurs l’album s’appelle «In Wonder».
Josephine, tu es mariée à l’un des producteurs les plus émérites du moment, jette-t-il une oreille sur vos productions ? Se permet-il quelques conseils ? Une collaboration dans l’avenir ?
Joséphine : Je ne suis pas contre une collaboration dans l’absolu mais sur cet album nous travaillions déjà avec Nellee Hooper. De plus le risque était qu’en collaborant sur un titre uniquement, le public pense que nous avions travaillé sur tout l’album ensemble. Hors nous avons travaillé très dur sur cet album et dans un sens ça ne nous aurait pas rendu service. Enfin, j’avoue qu’avec Mark nous avions davantage envie de partager notre vie privée ces derniers temps que des projets professionnels. Plus tard pourquoi pas.
Pour ce qui est de l’écoute, oui il écoute, de la même manière que j’écoute ses projets, davantage comme un mari que comme un producteur. Comme je suis assez fière, dès qu’il me fait un commentaire je lui rétorque : «Mais je le savais déjà !» Du coup il se risque de moins en moins, il écoute et ne dit plus grand chose. (Rires) Il a compris qu’il ne vaut mieux pas !
Un titre «Phare» ?
Alexandre : Il change un peu tous les jours. On vit tellement avec ces morceaux !
Et si vous deviez en choisir un pour convaincre le public ?
Joséphine : Alors ce serait plus par rapport aux impressions récoltées et aux dires de notre entourage. Les gens aiment beaucoup « Dicksmith» qui représente assez bien Singtank. C’est une bonne intro.
Une collaboration des plus prestigieuses avec le producteur Nellee Hooper pour un premier album enregistré à Los Angeles puis Londres, ce n’est plus de la chance, c’est du génie ?
Joséphine : On a beaucoup de chance mais pas seulement.
Alexandre : On a aussi osé catapulter un peu partout nos démos complètement pourries enregistrées sur un micro d’ordinateur et cette audace quasi suicidaire a payé ! (Rires). Beaucoup de gens nous ont dit, «c’est quoi ce truc ?» Nellee Hooper qui a fini par l’entendre nous a invité dans son studio. Je ne sais pas ce qu’il lui a pris, mais tant mieux !
Joséphine : Parfois il faut oser. Voilà.
On parle de vous comme du Duo «Dream Pop», que peut-on vous souhaiter?
Joséphine : Justement une collaboration avec NAS. (Rires) Et que l’album soit écouté.
Alexandre : Qu’il cartonne au brésil et qu’on puisse y faire une tournée !
Si j’étais SINGTANK, quelle question me poseriez-vous ?
Alexandre : Quelle est la dernière exposition que tu as aimée ?
Joséphine : Les dessins de Lucian Freud à Londres.
Alexandre : Toujours à Londres, j’avais adoré une expo d’Anselm Kiefer «White Cube». D’ailleurs voilà un de mes rêves, pouvoir avoir avec Singtank le succès m’autorisant à acheter une œuvre d’Anselm Kiefer. J’aime qu’un tableau ne me laisse pas indifférent. Je n’aime pas la peinture jolie, je l’aime forte, violente. Ce n’est pas l’esthétique qui prime mais l’émotion.
Interview : Jessica Segan
Photographie : Damien Blottiere
EXTRAIT DEDICATE 28 – Printemps-Été