À 22 ANS À PEINE, SELAH SUE SORT UN ALBUM QUI DEVRAIT BEAUCOUP FAIRE PARLER DE LUI. PETITE SOEUR D’AMY WINEHOUSE VERSION RAGGA, LA CHANTEUSE BELGE ADOUBÉE PAR PRINCE ET CEE-LO GREENOU ENCORE CHOUCHOUTÉE PAR PATRICE N’EST PAS DU GENRE À SE LAISSER MARCHER SUR LES PARTITIONS. SON SIGNE ASTROLOGIQUE? TAUREAU – CE QUI N’EST PAS VRAIMENT UNE SURPRISE.
Ton premier coup de foudre musical ?
Lauryn Hill, sans hésitation ! La première fois que je l’ai entendue, j’ai cru que j’allais avoir un malaise tellement elle était bluffante.
Ton premier concert ?
J’avais déjà joué au lycée, mais je n’en garde pas un grand souvenir… Un jour, j’ai rencontré Milow. Il a décidé de me soutenir et m’a motivée à me lancer dans la musique. Je me suis rendu compte qu’il avait raison lors de mon premier concert officiel, où j’ai réalisé que je me sentais sur scène comme chez moi !
Tu viens d’une petite ville belge, tes parents ne sont pas artistes… Rien ne te prédisposait donc à faire de la musique ?
Je suis en effet la première dans la famille : mes parents ne jouent pas d’instruments, ils n’écoutent pas vraiment de musique… Aujourd’hui, j’évolue dans un univers radicalement opposé au leur mais je ne suis pas prête à me séparer d’eux. Même si j’aimerais bien m’installer à Paris !
Comment es-tu devenue chanteuse ?
À 15 ans, j’ai pris quelques cours de guitare avant de me mettre à jouer toute seule. Ma voix n’était pas terrible, ce qui ne me préoccupait pas plus que ça ! Je ne voulais pas devenir une artiste ! Après le bac, j’ai d’abord suivi des cours de psychologie, car c’était vraiment ce que je voulais faire. Tout d’un coup, ma voix a changé : elle est devenue mon nouvel instrument ! Et j’ai tout lâché pour chanter.
Etudier la psychologie aide-t-il à écrire des chansons ?
Certes, c’est d’abord en se confrontant au monde que l’on apprend en psychologie humaine, mais la musique rejoint également la psychologie en accompagnant les gens, en leur donnant envie d’aller bien.
Ce n’est pas trop impressionnant de faire son premier album à 21ans ?
Quand j’ai enregistré mon premier EP, il y a trois ans, j’étais terrorisée. En studio, je ne savais pas comment dire aux musiciens ce qu’ils devaient faire ou pas, je me sentais trop jeune, trop inexpérimentée. C’était terrible ! Je ne voulais surtout pas que cela se reproduise. Pour l’album, je me suis répété que c’était mes chansons et qu’il fallait que je sois capable de les défendre.
Farhot et Patrice, qui ont produit ton album, t’ont-ils encouragée dans ce sens ?
Je suis hyper fan de Farhot, surtout de son travail sur les beats du disque de Nneka. Quand je l’ai appelé pour lui demander de travailler avec moi, nous nous sommes instantanément compris. Quant à Patrice, c’est un musicien qui sait parfaitement ce que je ressens. C’était une ambiance très douce, qui m’a fait du bien après la période de doutes par laquelle je venais de passer.
En quelques mois, tu as enchaîné les premières parties. Ben l’Oncle Soul, The Do, Keziah Jones et même Prince…
Prince m’a beaucoup impressionnée ! Et pas seulement parce qu’il y avait beaucoup de monde, et que la scène était plus grande… Nous avons eu une longue discussion en backstage, il m’a demandé si j’aimais ce que je faisais, si j’étais heureuse, etc. Un moment que je n’oublierai jamais. La dernière chanson “Just Because I Do” est assez sombre sous obédience trip-hop.
Une manière de dérouter l’auditeur ?
Oui, et d’ouvrir une fenêtre sur le prochain album… Il s’agit d’un morceau très personnel, qui parle d’apprendre à s’aimer, et de pouvoir l’exprimer, ce qui n’est pas toujours facile.
Comment t’imagines-tu dans dix ans ?
Je ne me vois pas faire autre chose que de travailler dans la musique, de continuer à naviguer entre calme et excitation. Dans quelques années, cela me fera sans doute du bien de m’atteler à la production ou d’écrire pour quelqu’un d’autre que moi-même !
www.selahsue.be
Interview : Sophie Rosenberg
Photographie : Cedric Viollet
EXTRAIT DEDICATE 25 – Printemps 2011