Injustement associée à la scène graffiti et street art, l’artiste islandaise Katrin Fridriks nous délivre une œuvre énergique, forte et en constante évolution. Une œuvre qui ne laisse pas indifférent.
À travers des thématiques environnementales et politiques telles que la recherche génétique, le clonage ou encore l’épuisement des ressources naturelles, l’artiste a développé depuis une vingtaine d’années un langage visuel unique et singulier, mêlant abstraction lyrique, travail calligraphique et installations conceptuelles.
Katrin, pourriez-vous nous dire d’où vient votre inspiration ?
Je suis principalement inspirée par l’Islande, son énergie et ses grandes étendues de terre mais aussi pour le côté architectural du travail d’Anish Kapoor.
Votre parcours singulier et vos œuvres sont à l’image de votre vie (mouvement, énergie, engagement). Pourriez-vous nous décrire quelques rencontres ou étapes qui ont marqué votre évolution ?
(Sourire). J’ai rencontré tant de personnalités incroyables, mais plus spécialement durant ces trois dernières années, c’est la rencontre avec mon galeriste Johann Haehling von Lanzenauer (circle culture gallery) qui pose un jalon important.
C’est un grand visionnaire qui guide et tire les artistes vers le haut en les faisant progresser dans leur art. Il m’a aidé à développer mes compétences techniques sur des séries telles que Gene & Ethics, Stendhal Syndrome ou Full Macro.
Il y a aussi ma dernière participation à l’exposition individuelle ART13 – London, dans laquelle j’ai présenté de nouvelles compositions de structures architecturales utilisant différentes techniques.
Il est vrai que votre travail s’intègre parfaitement dans l’univers urbain actuel et dialogue parfaitement avec ces grands artistes qui ont marqué l’abstraction moderne et contemporaine.
Oui, c’est une expérience enrichissante de faire dialoguer mon travail avec des artistes de différentes époques, de Picasso à Banksy mais Il y a aussi le travail de quelques artistes comme Jonathan Yeo ou JR qui peut se fondre incroyablement bien sans être catégorisé.
Vos installations conceptuelles prennent une place importante dans votre travail et contrebalancent avec votre travail de peintre. Comment l’expliquez-vous ?
Les installations et les travaux conceptuels donnent un angle et une dynamique complètement différente à mes toiles et me permettent d’avoir davantage de liberté pour exprimer des idées plus engagées avec une touche d’ironie à l’égard de la société. C’est la partie externe de ma créativité.
Les peintures abstraites telles que Syndromes Stendhal représentent quant à elles la partie plus intérieure de ma création. Il y a un processus créatif continu qui me pousse à innover vers de nouvelles techniques…comme un défi. À l’instar de l’athlète, cela exige beaucoup d’entraînement. Il faut être très patient pour voir la performance prendre forme. C’est identique à l’instant où tu es sur la ligne de départ dans les starting-block et que l’adrénaline te pousse dans la compétition. Tu as besoin de contrôler tous tes muscles avec une très grande concentration pour faire passer l’intensité de chacune des couleurs sans qu’elles ne se chevauchent.
Le moral, l’humeur, se sentir confiante, irritée ou fatiguée jouent un rôle important lorsque je projette la peinture avec des effets de spirale. Tu en verras immédiatement les effets sur la toile en termes d’équilibre, de structure et de profondeur. C’est une sensation incroyable de ressentir cette énergie à travers la toile.
En quelques mots, quel est le message que vous souhaitez faire passer à travers ce travail ? Pensez-vous que l’art puisse changer la façon de penser ?
Je souhaite sensibiliser la société sur le fait que nous sommes bombardés au quotidien d’informations violentes à travers la télévision, les journaux, etc. L’art est un outil puissant pour faire passer des messages et permet de toucher l’esprit des gens d’une manière différente.
Et si vous deviez donner votre propre définition du mot art ?
L’art est la nourriture de l’esprit.
Quels sont vos projets à venir ?
Une exposition personnelle à la New Dehli Art Fair avec la galerie Ltd, la foire d’art contemporain art14 de Londres en mars prochain et une exposition personnelle avec la galerie Circleculture à Berlin, en 2014.
Katrin, nous vous remercions infiniment pour cet entretien et nous vous souhaitons beaucoup de succès dans vos projets.
Pour en savoir plus sur l’actualité de l’artiste :
www.katabox.com ou www.circleculturegallery.com
Article publié dans DEDICATE 31 – Automne/Hiver 2013-2014
Interview : Christophe Ménager – Photographies : Vincent Moya, DR