En ce jour sacré qu’est le dimanche, à l’heure où certains dorment encore ou hibernent entre quatre murs, une foule de mélomanes avides de sonorités électroniques underground rejoint le Quai de la Rapée. Embarquement immédiat pour la Concrete ! Rencontre avec Brice, l’un des fondateurs de ce concept de clubbing diurne qui célèbre sa première année d’existence.
Concrètement, d’où vient le nom de vos soirées ?
En anglais, Concrete (prononcer « Concrite ») signifie « béton ». On voulait un nom qui reflète au maximum notre ambition de créer quelque chose de stable, solide et qui dure dans le temps.
Combien y a-t-il de résidents ?
Une dizaine. Parmi eux, Grego G, Francois X, Cabanne, Molly, Lowris, Ben Vedren, Antigone, Amarou & Behzad, Polar Inertia et Copacabannark
Quelles particularités ont les fêtes en journée qu’on ne retrouve pas la nuit ?
Déjà, le jour offre la possibilité de prendre son temps, contrairement au format de nuit où les gens n’ont que 6 heures pour s’amuser et sont, du coup, un peu plus « tendus ». Ensuite, la lumière du jour change pas mal le comportement des gens. Elle les rend même beaucoup plus cools, sans parler de la possibilité de bronzer en faisant la fête ! Enfin, faire la fête le jour permet d’aller au travail le lendemain sans pour autant avoir passé une nuit blanche.
Quels sont les ingrédients indissociables d’un bon after?
On ne se considère pas vraiment comme un after dans le sens où 70% de notre clientèle arrive à partir de midi et a dormi la veille. La formule ensuite est simple : de la bonne musique et des gens positifs et motivés pour faire la fête et des rencontres.
Quelles sont les soirées, les clubs ou les festivals étrangers qui vous inspirent ?
On est pas mal influencés au niveau de la démarche artistique par des clubs comme le Berghain à Berlin ou le Robert Johnson à Francfort. Cela dit, on essaie de développer notre propre identité, adaptée à la culture et la mentalité des parisiens ainsi qu’à notre propre façon de faire la fête.
Quel est votre parti pris musical ?
Notre créneau musical englobe les musiques électroniques underground au sens large du terme. On est capables de proposer des artistes techno, house, UK/bass music voire même disco…Ensuite, la recette est simple : on essaie de faire un mélange d’artistes reconnus, d’artistes émergeants et de locaux.
Quels artistes ont récemment attiré votre attention ?
Ben UFO le petit prodige anglais, DVS1 – l’un des meilleurs djs techno actuel ! – ou le live de Alfabet (Tom Trago et Awanto 3). En
Selon vous, qu’est-ce qui définit un bon Dj set ?
Un bon Dj set devrait durer au moins 3 heures. En dessous l’artiste a du mal à raconter une vraie histoire et ne se contente que de jouer ses disques les plus évidents, sans vraiment aller chercher au fond de ses bacs ! Après il n’y a pas vraiment de règles pour un bon Dj set. Certains artistes restent dans le même style musical tout le long afin d’offrir quelque chose de cohérent. D’autres préfèrent mélanger plusieurs styles et passer d’une influence à une autre. L’important, c’est que l’artiste mette de l’âme et de la conviction dans la musique qu’il joue et qu’on ait l’impression que chaque morceau joué compte vraiment pour lui.
En vrac, auriez-vous quelques anecdotes sur les précédentes éditions ?
Ce qui se passe à Concrete reste à Concrete…
Et quelques mésaventures ?
Un artiste dont les disques ne sont pas arrivés avec son avion, un chauffeur allant chercher un artiste au mauvais aéroport, la pluie, les problèmes techniques… Rien de bien grave heureusement, mais assez pour nous faire pousser des cheveux blancs !
Votre plus grande satisfaction en tant qu’organisateur ?
Voir de plus en plus de gens apprécier la musique qu’on a décidé de leur faire découvrir, voir des gens venir de l’étranger spécialement pour Concrete, lire les réactions enthousiastes les lendemains d’événements ou tout simplement voir le dancefloor en délire, le public danser devant nos gros ventilateurs, les cheveux au vent ! Et bien sûr la sensation d’avoir vraiment créé quelque chose d’important et d’avoir contribué à faire évoluer la scène parisienne.
Qu’est-ce qui définit pour vous la scène parisienne et la différencie des autres ?
Le public parisien est très critique et assez difficile. Les français sont bien connus pour être des râleurs ! Mais à côté de cela, c’est un des publics les plus énergiques et passionnés que je connaisse. Les parisiens réagissent vraiment à la musique par des cris, des encouragements, des sourires, des remerciements… Ce qui n’est pas forcément le cas ailleurs.
Interview : Pauline Lévignat
Photographie : Guillaume Murat & Samuel Bouaroua
Extrait DEDICATE 29 – Automne-Hiver 2012/2013