Après les hits Baby I’m Yours et Fantasy, Breakbot sort enfin son premier album By your side, chez Ed Banger, sur lequel il remonte le temps vers la « sunshine pop » californienne des 60’s. Accompagné par le timbre soul d’Irfane, le chanteur d’Outlines, qui a lui aussi sa part dans ce succès, Breakbot est en train de monter très haut, très vite.
Comment s’est passé ton recrutement chez Ed Banger ?
Le tout premier morceau que j’ai sorti sur support physique c’était chez Ed Banger, le remix pour Justice, Let There Be Light. Même si c’était sur un maxi japonais, c’était déjà une première marque d’affection de leur part. Après, j’ai continué à faire des remixes pour construire mon son. Un jour, j’en ai fait un pour Metronomy. Pedro Winter a bien aimé et c’est ce qui lui a donné envie de poursuivre l’aventure.
Les remixes, c’était des brouillons pour concevoir ton style ?
C’est très bien pour faire ses premières armes et développer son propre univers. J’en ai fait une trentaine entre 2006 et 2010. C’est une très bonne école.
Tu as 140 000 fans sur Facebook, Ed Banger en a 250 000. Est-ce que ça veut dire que tu représentes plus de la moitié du chiffre d’affaires du label ?
On ne peut pas voir les choses comme ça. Il y a pas mal de gens qui écoutent ma musique qui ne connaissent pas Ed Banger. Et c’est pareil pour les fans du label. Il y en a pas mal qui ne sont pas à fond derrière ma musique.
La question derrière la question, c’est : est-ce qu’en te signant, Ed Banger essaye de capter un public plus pop ?
Je ne pense pas que ce soit une volonté de changer de public. C’est plutôt une manière naturelle d’évoluer. Ils ont été associés avec un son très agressif dans les années 2000. Les artistes affiliés à ce son ont voulu aussi évoluer et faire des choses plus mélodiques et plus pop dans le format. Ed Banger marchait déjà bien avec Justice ou SebAstian. Ils auraient pu surfer sur cette vague pendant dix ans, comme le font des labels comme Dim Mak aux USA. L’idée, c’était de ne pas rester sur ses acquis et d’aller de l’avant.
L’idée d’être une porte d’entrée de la pop vers l’électro, ça te plait ?
Ça me convient très bien. Si je peux amener des gens à écouter les autres artistes d’Ed Banger, ça me fait plaisir.
Ce côté « good vibes » dans ta musique, c’est quelque chose de réfléchi ?
Ce n’est pas vraiment réfléchi. J’ai tendance à penser que les musiciens font souvent la musique qu’ils écoutent. Il y a encore des gens qui inventent des choses, heureusement, mais moi je suis influencé par les choses que j’aime. La musique que j’écoute est assez good vibes. Quand j’avais 19 ans, j’écoutais beaucoup de trip hop un peu déprimant, Massive Attack, Portishead, et j’en suis un peu sorti. J’écoute des choses californiennes, ensoleillées et joyeuses.
Tu n’as pas peur de toujours faire des albums d’été ?
Non, parce que je ne compte pas faire ça tout le temps. Si tu écoutes ce que j’ai fait en 2006, c’était plus électro, plus agressif que maintenant. Dans quelques années, j’aurai encore évolué, je ne compte pas faire tout le temps la même chanson. Avec cet album, j’ai bien marqué le territoire, la prochaine fois je veux progresser.
Tu utilises beaucoup de samples ? Dans tes chansons, il y a des choses que l’on a l’impression de connaître mais réactualisées.
Effectivement, on a parfois l’impression d’avoir entendu le morceau 5000 fois, mais c’est parce que j’utilise des structures harmoniques et des suites d’accords qui sont communes dans la pop. Il y a énormément de morceaux qui se ressemblent. Pour ce qui est des samples, il y en a très peu sur l’album à part l’interlude, Easy Fraction. Il y a des références, des clins d’œil, mais pas de vrais samples.
Tu aurais aimé vivre dans la Californie des années 60 ?
Oui, mais c’est un fantasme. Je suis très bien dans mon époque, justement parce que je peux avoir ce recul. Si je vivais dans les 60’s, j’y prêterais peut-être pas attention, parce que ce serait un truc commun. Vivre aujourd’hui en France, ça me permet d’apprécier ces cultures à part entière. Alors que si tu en fais partie, tu ne prêtes pas attention aux détails. Là, je vois le mouvement dans sa globalité.
Est-ce qu’Irfane, qui chante sur plusieurs morceaux de l’album, va devenir ton chanteur officiel ? Vous avez un projet ensemble ?
Ce n’est pas encore bien réfléchi. Ce ne serait pas Breakbot featuring Irfane, mais un vrai nom de groupe. On est train de poser les bases du projet, ça devrait éclore l’année prochaine.
Une vraie affinité musicale s’est créée entre vous.
On s’est rendus compte qu’on partageait beaucoup d’influences. Ça facilite les choses pour le travail, ça devient super agréable. On est un peu en osmose. Ça va vite, c’est fluide et naturel.
Tu prends des cours de chant ?
J’avais dit que je le ferais… J’aimerais bien m’y mettre, mais je n’ai pas encore commencé.
Ça serait un aboutissement de chanter toi-même sur tes instrumentaux ?
Oui, ça me ferait plaisir de le faire sur quelques morceaux. Mais le vrai aboutissement pour moi, ce serait de faire un film dont je ferais la musique. Un truc un peu total. Le fantasme, ce serait de faire une comédie musicale un peu spéciale. Mais ce serait énormément de travail.
Quels sont tes featurings rêvés ?
Etant amoureux de la soul et de la funk, il y a des chanteuses comme Beyonce ou Rihanna, qui ont un potentiel fou mais qui ne travaillent pas avec les meilleurs producteurs.
Il y a des morceaux très bons, mais parfois j’ai du mal à comprendre. J’ai l’impression que Rihanna n’est pas super impliquée dans la direction artistique. J’aimerais bien tenter ma chance avec elle un jour.
Interview : Smaël Bouaici
Photographie : Thomas Smith
EXTRAIT DEDICATE 28 – Automne-Hiver 2012/2013