DEPUIS DÉJÀ NEUF ANS, LE FESTIVAL LYONNAIS DES NUITS SONORES FAIT LES QUATRE CENTS COUPS DE L’ÉLECTRO. L’ÉDITION 2011, QUI A EU LIEU DU 1ER AU 5 JUIN, S’EST PLUS QUE JAMAIS TENUE À SES PRINCIPAUX OBJECTIFS, À SAVOIR “LA PROGRAMMATION ARTISTIQUE, LA DÉCOUVERTE, L’EXIGENCE ET UNE CONVIVIALITÉ URBAINE MAÎTRISÉE”. PARI RÉUSSI.
LUCIANO
Ce sémillant producteur et DJ suisse cache plus d’un tour dans son sac. Son principal atout : ses lives, qui enflamment le dance-floor comme personne.
Votre définition d’un live réussi ?
C’est d’abord une mise en scène conceptualisée, afin d’offrir quelque chose de créatif, d’interactif, tout en restant spontané. Il y a le compromis entre l’attente du public et ce que tu es capable de faire. Par exemple, j’écoute beaucoup de jazz, mais je sais que je ne peux pas le jouer à un public qui a surtout envie de danser.
Comment vivez-vous vos concerts ?
J’ai toujours le trac ! C’est le prix de vouloir toujours rester libre. C’est la seule manière de ne pas devenir blasé, ou trop prévisible.
Si vous n’aviez pas été musicien…
J’aurais vraiment aimé être médecin dans l’humanitaire. Mais pour des raisons économiques, je n’ai pas pu faire d’études et puis je suis tombé dans la musique très tôt. Etre derrière des platines, partager la musique avec les gens, voilà ce qui fait battre mon coeur.
Les Nuits Sonores, pour vous ?
C’est une plate-forme très riche et évolutive qui rejoint toutes les cultures de la musique électronique. Il y a aussi beaucoup de découvertes à faire, ce qui est intéressant pour le grand public. C’est un honneur d’y jouer.
Votre actualité ?
Pour la deuxième année, nous revenons à Ibiza. Un vrai challenge. C’est difficile et épuisant, car c’est tous les dimanches jusqu’en octobre. Mais je suis ravi !
CRYSTAL STILTS
Du rock vaporeux comme on aime aux faux accents british, c’est ce que nous concoctent depuis six ans les américains Brad Hargett, Kyle Forester, Andy Adlet et JB Townsend.
Un mot sur votre nouvel album, In Love With Oblivion ?
Brad Hargett: C’est plus un travail de groupe, tout le monde y a mis son grain de sel… Je pense que nous le préférons au précédent car nous nous y retrouvons tous et il est plus réfléchi. Plus mature.
Un concert des Crystal Stilts, ça donne quoi ?
A.A. : Nous avons quatre ou cinq chansons de base et nous varions autour. Un challenge au quotidien! Ça nous permet d’être plus spontanés.
Votre meilleur souvenir de live ?
Kyle Forester : C’était à Vancouver, une ville hippie dans l’âme. Un mec est monté sur scène et s’est mis en position du lotus en plein milieu de la scène pour méditer.
A.A. : J’ai failli l’éborgner car je ne l’avais pas du tout vu monter sur scène !
Un groupe à voir sur scène ?
B.H. : Ty Segall et Tortoise !
A.A. : Je les ai vus en concert dans les années 90, c’était dingue. L’un d’eux (John Herndon, NDLR) fait ses percussions d’une main et tout en se roulant ses clopes de l’autre !
Votre actualité ?
K.F. : Des concerts, des concerts et encore des concerts !
THE SHOES
Décidément, la French Touch est en pleine forme, avec ce duo rémois d’auteurs-compositeurs
et producteurs dont le premier album fait un carton.
Heureux du succès de Crack My Bones ?
Guillaume Brière : Nous sommes agréablement surpris, nous avions si peur que tout le monde le trouve nul ! Heureusement, nous n’avons jamais arrêté de travailler, notamment sur l’album de Woodkid, qui vient de réaliser notre nouveau clip.
Meilleur souvenir de concert ?
Benjamin Lebeau : Quand nous avons été la tête d’affiche du Club NME, la meilleure date que nous ayons faite en Angleterre. C’est rare que ce magazine s’intéresse à un groupe français, nous étions très flattés.
Vous êtes un duo spécialiste du featuring…
B.L. : Nous ne l’avons pas toujours été. Le fait de faire de la production pour d’autres nous a fait réaliser ce que les autres pouvaient aussi nous apporter. G.B. : Notamment les vocalistes anglo-saxons. Dès qu’ils se mettent au micro, c’est magique !
Les Nuits Sonores pour vous ?
B.L. : C’est la première fois que nous venons ici et nous avons l’impression que ce festival s’ouvre à autre chose qu’à de l’électro pure et dure.
Un groupe à voir sur scène ?
G.B. : Botox, Discodeine, dont nous avons adoré l’album, et Tortoise, un groupe vraiment culte. Mais ils jouent en même temps que nous !
Votre actualité ?
B.L. : Nous jonglons entre la production et notre tournée qui se termine à la Cigale le 9 novembre avec tous les invités de l’album.
G.B. : Nous allons aussi faire un concert à Reims, sur le parvis de la cathédrale !
TORTOISE
Doit-on encore présenter le légendaire quintette de Chicago, dont le rock inclassable influence tant de groupes d’aujourd’hui ? Tête-à-tête avec John Herndon.
Comment allez-vous ?
Nous n’avons pas dormi. Nous avons joué en Norvège et c’était génial sauf que nous avons dû repartir à 2h du matin avec une escale à Francfort où nous avons attendu quatre heures dans l’aéroport. Puis nous avons atterri ici, sommes arrivés sur le site, avons fait la balance… Bref, il est 18h et nous rêvons d’une sieste !
Votre ressenti, après des années de carrière ?
Nous sommes plus une famille qu’un groupe, nous nous connaissons depuis tellement longtemps… Le groupe a vu le jour en 1993, ça fait presque vingt ans ! Je n’en reviens pas moi même. Nous n’avons aucun regret et j’espère que ce sera pareil dans vingt ans. Si la chance est encore avec nous.
Les Nuits Sonores pour vous ?
C’est notre première fois à Lyon. C’est toujours excitant de jouer dans une ville inconnue. Nos concerts à Paris sont toujours réussis, donc nous comptons bien faire pareil ici.
Il y a-t-il des artistes que vous aimeriez voir sur scène ?
Nous aimons beaucoup The Gaslamp Killer, un DJ californien que nous suivons de près. J’espère que nous trouverons la force d’y aller.
Votre actualité ?
Nous enregistrons quelques chansons à droite et à gauche, question de garder la forme!
CHLOÉ
C’est l’une des artistes féminines les plus influentes de France depuis bientôt quinze ans. Son dernier album, One in Other, en offre un bel exemple.
Votre rapport à la performance live ?
J’ai commencé à faire du live après la sortie de mon premier album en 2007. J’ai senti qu’il me manquait ce lien entre mes productions en studio et mon Djing, j’ai donc cherché à revisiter mes morceaux en direct. Le live me permet d’aller plus loin dans la performance en improvisant encore plus et d’être plus créative. C’est comme ça que certaines trames de morceaux de One in Other sont nées.
Les Nuits Sonores pour vous ?
J’y ai joué plusieurs fois, je l’ai donc vu prendre son ampleur. Il est aujourd’hui l’un des meilleurs de France mais l’esprit reste familial.
Votre regard sur la scène électronique actuelle ?
Le problème aujourd’hui, c’est que le tout numérique s’impose, les bons disquaires spécialisés qui nous faisaient une présélection qualitative ont disparu. Il est parfois difficile de s’y retrouver dans la masse de morceaux qui sortent.
Votre actualité ?
Je finalise un projet demandé par l’émission de radio l’Atelier de Création Radiophonique, un disque à paraître avec un livre (comportant des photos de mes tournées, des notes d’albums) aux éditions Dis Voir à la rentrée. Avec Krikor, nous venons de terminer une série de remixes sous notre pseudo Plein Soleil. Je finalise aussi un maxi pour BPitch control, je tourne en DJ encore tout le mois de juillet et une reprise en septembre !
Interview : Sophie Rosemont
EXTRAIT DEDICATE 26 – Été 2011