Candidat du prestigieux prix Marcel Duchamp en 2009 et régulièrement invité dans les plus grandes manifestations artistiques internationales, c’est de son atelier Berlinois que Damien Deroubaix puise son inspiration en décodant l’actualité sous toutes ses formes.
À travers ce qu’il voit et ce qu’il entend, l’artiste nous brosse ainsi un portrait sombre et sensible du monde actuel en utilisant diverses techniques telles que la peinture, la gravure, l’aquarelle ou des installations éphémères en suivant un fil conducteur inspire par de subtiles références à l’histoire de l’art et aux cultures populaires. Tant imprégné par le mouvement Punk et Grindcore que par les travaux de l’artiste allemand John Heratfield, Damien Deroubaix nous dévoile, sans compromis, une imagerie expressionniste mixant une iconographie moderne et clairement identifiable à un univers morbide et apocalyptique peuplé de monstres, de squelettes, d’armes de guerre et d’un foisonnement d’images symbolisant le désastre et la mort.
Parmi tous ses travaux on retiendra la série World Downfall, World Eater, dans laquelle l’artiste nous dépeint un univers noir, chaotique et violent entre réalité et cauchemar, en allusion aux camps de la mort ou en référence à la terrible scène de Guernica. Dans une autre série qu’il nomme “Derrick”, il réalise un ensemble spectaculaire de peintures et sculptures en faisant appel à de nombreux objets et signes puisés dans son environnement urbain. C’est pour mieux vous faire découvrir cet univers artistique et singulier que Damien Deroubaix a accepté de se prêter au jeu d’une courte interview.
Damien, pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis peintre, né en 1972 à Lille. J’ai étudié aux beaux-arts de Saint Etienne et Karlsruhe et je travaille à Berlin depuis février 2004.
Quelle est votre principale source d’inspiration ?
Le monde pourri dans lequel nous vivons.
Sous quelle forme se traduit t-elle ?
J’utilise la peinture, le dessin, la gravure et la sculpture
Quels messages souhaitez-vous nous délivrer à travers vos travaux ?
Je fais un constat, un portrait de l’esprit de notre temps ou la peinture sert juste de révélateur. Après les gens en font ce qu’ils veulent. Ceci dit lors de l’exposition au pavillon français de l’exposition universelle à Shanghai, le comité de censure chinois m’a demandé devant mes sculptures quel était le message que je voulais faire passer au peuple chinois ? Puis ils ont fermé l´exposition en douce le lendemain du vernissage. Dévoiler c’est déjà trop !
Damien, que vous inspire la thématique de la Mort? Quelle place prend-elle dans vos travaux?
En fait, La Mort est le moteur de mon travail et occupe une place centrale puisqu’on va tous y passer, chômeurs et présidents, dentistes et dictateurs, superstars et ouvriers. Les danses macabres du Moyen-Âge sont toujours d’actualité, c’est pourquoi j’aime y puiser.
Pouvez-vous nous parler de votre actualité et de vos projets à venir ?
Et bien, en plus de l’exposition prochaine à la galerie Nosbaum & Reding, j’inaugurerai quelques jours plus tard une exposition personnelle au Parvis à Tarbes, puis en juin à Birmingham “home of metal” à la Wolverhampton art gallery. Il s’agit d’une exposition de groupe dans laquelle je réalise une pièceà 4 mains avec Nic Bullen, membre fondateur de Napalm Death. Je travaille également depuis un an sur une sculpture en verre soufflé et gravé au Centre Internationnal d’Art Verrier de Meisenthal en Lorraine, et sur quelques autres expositions de groupe et personnelles à Karlsruhe (Kunsthalle), Vilnius et Strasbourg (la Chaufferie). Le prochain gros projet étant ma participation à la première biennale de Harlem à New York au printemps 2012.
Damien, nous vous remercions infiniment d’avoir bien voulu nous accorder cet entretien et nous vous souhaitons beaucoup de succès dans vos projets.
Nous adressons nos plus vifs remerciements à Fabienne Leclerc de la Galerie
Parisienne In Situ (www.insituparis.fr), qui soutient le travail de Damien Deroubaixdepuis de nombreuses années et à la galerie luxembourgeoise Nosbaum & Reding pour son engagement, ses conseils et son aide précieuse.
Focus : Christophe Menager
Photographie : Courtesy Galerie Nosbaum & Reding artiste
EXTRAIT DEDICATE 25 – Pritntemps 2011