Beatmaker à la bidouille habile et à la bouille bombesque, Arnaud aka Onra a l’aura sacrée d’un passionné doté de précieux atouts. Rencontre virtuelle à « Long Distance » d’un talent confirmé dont l’écoute musicale vous fera chavirer. « Boum, quand notre cœur fait boum, tout avec lui dit boum. »
Après un voyage au Vietnam en 2006, tu sors « Chinoiseries », un album hip-hop instrumental créé à partir de vinyles chinois et vietnamiens. En 2009, « 1.0.8 » concocté de samplers Bollywood. Jusqu’à quel point les voyages t’inspirent-ils ?
Plus que les voyages, ce sont simplement les musiques qui m’inspirent. J’essaye ensuite de créer un lien avec mes expériences passées ou présentes. J’aime les concepts en règle générale, mais je ne souhaite pas être mis pour autant dans la case « beatmaker world music ».
A l’heure où tu comptes déjà plusieurs tournées internationales à ton actif, restes-tu avant tout un « French Music Producer »? Te sens-tu appartenir à une certaine « école »?
Je reste français quoiqu’il en soit. Certes mon public se situe davantage à l’étranger que dans mon propre pays, mais je n’ai jamais considéré la musique comme ayant des frontières. Je ne me suis jamais dit, je suis français alors je fais de la musique pour la France. Je fais de la musique pour quiconque saura l’apprécier. Puisqu’il faut toujours mettre les artistes dans les cases, disons que j’appartiens à la scène « Post-Dilla ». J Dilla était un producteur de Detroit, très influent chez les beatmakers, et depuis sa mort en 2006, toute une scène a émergé.
Tu es en tournée aux Etats-Unis actuellement, as-tu pris une claque? Y’a-t-il quelques rencontres qui ont nourri ta réflexion et qui laissent présager de futures collaborations?
C’est une expérience formidable, jamais je n’aurais imaginé que cela puisse être possible. Je n’ai pas pris de claque car ce n’est pas ma première fois et ce n’est pas que du « kif ». Je suis ici en mode professionnel, il y a beaucoup de pression et de stress. J’ai rencontré pas mal d’artistes et de DJ, je pense que les connexions se feront surtout par la suite, sur Internet.
« Long Distance » ton nouvel album, signé avec un label irlandais « All City Records », présume-t-il d’un long parcours d’élaboration?
C’est intéressant comme interprétation mais non, Long Distance traite d’un sujet beaucoup plus « cheesy »… Ce sont mes relations personnelles qui me l’ont inspiré. J’ai beaucoup voyagé ces deux dernières années, j’ai rencontré des gens et me suis attaché à quelques personnes, sans te faire de dessin…
As-tu une méthode de travail particulière ? Es-tu toujours « beats first » ou t’arrive-t-il de construire tes tracks en partant d’une ligne mélodique ?
Ça dépend. Parfois je pars du rythme, d’autres de la mélodie. En règle générale, je m’inspire d’un sample. J’essaye ensuite de construire autour de cette première idée. Je travaille mes morceaux comme les producteurs Hip-Hop créaient leurs morceaux dans les années 90, j’emploie plus ou moins le même matériel. C’est pour cela que même si mes productions sonnent plutôt électro, elles restent hip-Hop quoiqu’il en soit.
On reproche souvent une certaine « froideur » au beatmaking…
« Froideur »? C’est la première fois que j’entends ce terme caractériser cette musique. Pour moi, à partir du moment où il y a une basse et un rythme, ça peut difficilement être froid.
En dehors de la musique, y a t-il d’autres formes d’expressions artistiques qui influencent ton processus créatif ?
On peut dire que je suis monomaniaque. Il n’y a que la musique que je sache réellement apprécier. Je suis sensible à d’autres arts, mais je ne m’y connais pas assez.
Buddy Sativa t’a accompagné sur ta tournée, avec qui souhaiterais-tu collaborer dans l’avenir ?
Buddy, nous avons déjà collaboré ensemble sur différents projets… Sur son album, sur le mien, mais nous aimerions vraiment sortir quelque chose ensemble quand le temps le permettra. J’aimerais collaborer avec les gens qui m’entourent à Paris comme Häzel et Walter Mecca. J’aimerais travailler avec Stacy Epps, Moka Only, Waajeed, etc… Il y a des tas d’artistes avec qui j’en ai déjà discuté, maintenant il faut voir si nos agendas le permettent !
Ta PLAYLIST ?
Walter Mecca « Gaab Squad », Häzel « Playground », Buddy Sativa « The pilgrim », Cream of Beats « Turning Time », Waajeed « The 1st of May » .
Que peut-on te souhaiter ?
Le meilleur.
Interview : Jessica Segan
Photographie : Mikael Colombu
EXTRAIT DEDICATE 24 – Automne 2010